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| [Roman-En Pause] Black Roses | |
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Invité Invité
| Sujet: [Roman-En Pause] Black Roses Mar 20 Oct - 22:32 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses Mar 20 Oct - 22:33 | |
| Introduction Tout brûlait. La chambre d'enfant saturait de fumée. La chaleur était insupportable. Recluse sous le lit, la petite fille pleurait. Un hurlement retentit de derrière la porte. Un cri de douleur. Elle ferma les yeux, espérant que les flammes l'emportent au plus vite. Elle préférait mourir ainsi, la petite fille... Quelque chose empoigna son frêle poignet pour la tirer hors de sa cachette. Il était venue la chercher, pensait-elle. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, c'est ceux de sa mère qu'elle découvrit, pour la première fois, emplis de larmes. La porte entrouverte laissait apercevoir le feu qui ravageait le rez de chaussée, gravissant progressivement les marches de l'escalier, lentement, comme le faisait le père de la petite fille, caressant la rambarde de bois en chantonnant doucement. Cependant, le chant du brasier n'avait rien d'aussi doux. La mère, jeune femme encore, enserra sa fille dans ses bras et ne bougea plus, un instant. Puis elle se mit à courir vers la fenêtre déjà ouverte et sauta. Elle poussa un gémissement de souffrance au contact de l'herbe fraîche de la nuit, mais aussi de soulagement. Tentant vainement de se relever, elle s'écroula à genoux, laissant son enfant quitter ses bras en la regardant silencieusement. La petite fille vit sa mère fondre en pleurs, le chalet s'écrouler, et elle le vit arriver. Fuyant dans les bois, aussi vite que ses petites jambes lui permirent, elle ne jeta aucun regard en arrière. Seul un cri de désespoir lui appris qu'Il avait pris sa mère. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses Mar 20 Oct - 22:36 | |
| Chapitre Premier L'entrée du bar grinça tandis qu'une silhouette svelte s'avançait depuis la rue bruyante de monde. La jeune femme s'installa au comptoir en silence, ne portant aucune attention aux ivrognes et autres voyous qui la reluquaient. A vrai dire, ceux ci représentaient l'apanage de tout débit de boisson qui se respectait ici bas. Le barman, bouffis et mal rasé, s'approcha de la cliente en essuyant d'un chiffon sale une chope. « K'ess' ke j'vous sair ma ptite dame ? - Un verre d'eau, je ne suis pas là pour boire la pisse que tu prétend être de la bière. » Le silence s'imposa. Tous furent surpris de la réponse de cette désormais indésirable invitée. Avec son ignoble accent de la rue et son œil mauvais, le propriétaire des lieux maugréa en plaquant ses mains sur le métal du comptoir, faisant sursauter un homme saoul et la boisson de son verre en même temps. « Kass'toi d'mon bar au lieu d'nous fair chier, ou on t'pète la gueule grognass' ! - J'ai pas bien compris ce que tu voulais dire excuse-moi, tu pourrais parler plus clairement ? » Le gros barman ragea et tendit son bras gauche sous le bar pour y saisir son fusil à pompe et ordonner définitivement à cette impertinente de quitter les lieux. Malheureusement pour lui et a sa grande surprise, elle pointait déjà une arbalète AM-4 vers son visage boursouflé. Du pouce, elle releva le cran de sûreté de l'arme et le son caractéristique de la batterie qui s'active siffla dans les oreilles de l'homme d'âge mur. « Bon, maintenant que tu m'as donné une bonne raison de te mettre en joue, tu vas gentiment me dire ce que je veux savoir. Compris, gros tas ? - Pigé mam'zelle, ss'ke vous voulez ! » Le gérant leva les bras en l'air, laissant son fusil tomber au sol, et pointa son regard affolé sur ses clients. Aucun n'osait se lever et tenter quelque chose. L'audace, et surtout l'arme, de la jeune femme poussait à rester tranquille. « Tu vas me dire si tu as déjà entendu parler d'un certain Zaïn, et si tu me mens, je te fais un trou supplémentaire dans le crâne, pour ventiler le peu de cerveau qu'il te reste. - J'veuh rien avoir 'vec le Zaïn, 'chui pas fou moi ! » L'étrange femme pressa la détente. Le projectile en forme de pieu traversa le canon, accéléré par les multiples bandes magnétiques du dispositif, et perfora le mur en passant à quelques centimètres de sa cible. Sous la puissance du choc, plusieurs étagères fixées au mur chutèrent, s'écrasant et rependant bouteilles et leur contenu sur le sol malpropre. Terrorisé, le barman tourna son regard sur le mur de béton, et s'aperçut avec une certaine frayeur que le trou faisait, au moins, la taille de son torse. « La prochaine fois, je louperais pas ta tronche. Je sais qu'il est passé ici, alors accouche. - 'Kay, 'kay... Ça fait trois jours j'crois. L'est vnu prendre une bière 'puis s'est barré sans 'dire un pèt'. ‘Semblait malade s’con ! Et ‘parti sans payer sst'enfoiré ! - Où est-il partit ? - Mais j'chais pas moi ! J'veuh pas entendr'parler dss'type moi ! - Bon... » La jeune adulte remis le cran de sécurité, et replaça l'arbalète AM sous la cape noire qui passait au dessus de ses épaules et recouvrait tout son corps. Elle se retourna simplement et sans un mots, se dirigeant vers la sortie. Ramassant rapidement son fusil, le barman braqua le canon scié vers la femme et posa son doigt sur la détente, un sourire malsain aux lèvres. Avant qu'il puisse actionner le mécanisme de tir, la jeune femme s’était retournée pour lui lancer un regard déterminé et assassin. Le propriétaire envoya un regard colérique vers celle qui lui faisait de nouveau face, la braquant toujours. « P'tain, ki t'es toi ô'just' ?! - Mirranda Di'Stephano. » Au son de ce nom, des rumeurs envahirent la salle malodorante. Le barman se laissa tomber de tout son poids sur un tabouret derrière le comptoir, écroulé par la révélation. Il fallait être vraiment stupide pour s'en prendre à Di'Stephano. S'il avait su... Avec un sourire de suffisance, Mirranda se retourna une nouvelle fois pour finalement sortir de la taverne, sous les yeux ébahis des clients. Au dehors, ce n'était guère plus agréable. Différent certes, et plus propre. Mais définitivement désagréable. Le soleil écrasait les dalles blanches des rues et les routes de bitume, réfléchissant sa lumière sur les murs pâles, le tout dans une clarté aveuglante. La foule s'empressant sur les trottoirs en masse faisait partie du paysage, de même que le bruit qu'elle provoquait et la difficulté de se déplacer tranquillement en ville. Bien sûr, il ne fallait pas oublier la milice et ses patrouilles. Répression publique ou, dans l'ombre des ruelles, gratuite, patrouilles sur les routes, contrôles incessant et interminables... Le seul moment où la cité devenait calme et vivable, plus agréable et plus sereine, c'était la nuit, après que les bars et autres établissements douteux aient fermé leurs portes. Comme en journée, le ciel se maintenait dégagé la plus grande partie de ce mois. Ainsi, la lune diffusait sa douce et tiède lumière sans peine tandis que les étoiles brillaient, comme l'espoir de chaque citoyen désireux de quitter cette cité le plus vite possible. Espoir qui, irrémédiablement, s'éteignait un jour. La jeune femme laissa s'échapper un soupir, puis remit sa capuche de tissu. Silencieusement, elle entreprit de traverser la foule dans le sens contraire, gênant bon nombre de personnes, avant de finalement bifurquer dans une petite ruelle sombre et vide de monde. La lumière avait du mal à s'infiltrer entre deux bâtiments si serrés, et ce n'était pas plus mal, car l'obscurité apportait également un peu de fraîcheur. Mirranda laissa ses bras retomber le long de son corps, détendue d'être à la maison. Elle s'approcha d'une porte tout aussi blanche que les murs, et comportant un verrou à code numérique. La serrure classique des habitations du coin. Di'Stephano entra son code à quatre chiffres, 3111, et passa sa carte à puce dans le lecteur. Celle-ci lui permettait de déverrouiller le second verrou de la porte, ou de retaper son code si elle venait à se tromper la première fois, ce qu'un hacker ne pourrait pas faire. Un code pouvait facilement être craqué, mais pas l'échantillon d'ADN présent dans la puce de la carte citoyenne. Le voyant lumineux de l'appareil électronique afficha sa lueur verte et le cliquetis du verrous informa à la locataire qu'elle pouvait entrer chez elle. La porte coulissa lentement, et la maîtresse des lieux entra avec soulagement. Le parfum de fraise diffusé par les multiples encensoirs de son appartement s'insinua dans ses narines, de même que la chaleur régulée par le climatiseur la détendait. Mirranda déboutonna sa cape et laissa le tissu huilé de couleur sombre s'étaler sur la moquette grise, puis s'écroula dans son canapé de cuir en soupirant, faisant la moue. Elle resta ainsi quelques minutes, presque un quart d'heure, les yeux rivés vers son ordinateur en veille, l'économiseur d'écran présentant un artwork plutôt sanglant et sombre de son groupe de musique préféré. Elle se redressa enfin, assise sur le coussin rouge, s'étira les bras et les épaules pour ensuite se lever difficilement en soufflant. Lasse de tourner en rond depuis des semaines, lasse de frapper dans l'eau à chaque fois qu'elle pensait se rapprocher de sa proie. Il lui fallait se détendre un peu. Après avoir retiré ses bottes de cuir clouté, elle commença à déboutonner avec lenteur son chemisier blanc, dévoilant petit à petit son buste, sa peau douce et dorée, son poitrail généreux et ferme, puis laissa choir le fin tissu le long de ses bras élancés et de son dos pour qu'il atterrisse sur le canapé. Les attaches de sa ceinture défaites, la somptueuse créature glissa le pantalon de cuir noir sur sa taille et ses hanches, sur ses jambes parfaitement dessinées à l'image de la perfection de ses courbes. En sous-vêtements de dentelle rouge, dessous érotiques et raffinés, la jeune adulte marcha quelques pas, s'appuya contre son bureau, en présentant un décolleté fort élégant et captivant à la caméra heureusement éteinte, puis activa le clavier holographique et le senseur tactile. Simplement en apposant ses doigts sur les holo-champs, Di'Stephano navigua avec rapidité et dextérité dans son ordinateur, sifflotant, jusqu'à trouver ce qu'elle cherchait. Elle entra ensuite dans sa salle de bain au carrelage blanc. L'eau se mit à remplir progressivement la baignoire tandis que des bâtons d'encens parfum fraise étaient allumés et commençaient à diffuser leur arôme dans toute la pièce. La jeune femme vida le contenu d'un flacon dans le bain, donnant à l'eau une texture mousseuses et une teinte rosâtre, et défit l'attache de son soutien-gorge, laissant l'agréable matière caresser ses formes prononcées et tomber à ses pieds. Elle retira de même sa culotte, à la dentelle travaillée, se retrouvant totalement dénudée. L'expression populaire « corps de rêve » n'avait jamais été aussi proche du concret : dimensions parfaites, courbes harmonieuses, peau soyeuse et luisante, chevelure resplendissante... Elle s'allongea alors tranquillement dans son bain bouillant, fermant les yeux. La lecture de l'album de black metal débuta depuis l'ordinateur, la musique se répercutant dans tout l'appartement. Elle porta son regard sur le mur de sa cuisine qu'elle pouvait voir à travers la porte ouverte de la salle de bain, observant un tableau blanc sur lequel était inscrit une quantité astronomique de notes. Elle plongea sa tête dans l'eau chaude, créant quelques bulles et remous, et repensa à son actuel travail. Di'Stephano, Mirranda Di'Stephano. Un nom qui, elle en avait encore eu la preuve au bar, suffisait à faire frémir bon nombre de personnes. Tueuse à gage. Un boulot pas très correct, surtout pour les autorités, mais il fallait avouer que cela payait bien. Et puis, ayant passé toute son adolescence dans la rue, elle ne savait pas faire grand chose d'autre. Bien qu’accueillie par une vielle dame, amie de ses parents, de leur mort à son indépendance, elle avait préféré passer ses « plus belles années » dans les endroits les plus ignobles. Pour « vivre », disait-elle. Elle avait appris à vivre de la rue toute seule. A tuer aussi. Elle ne se souvenait plus exactement comment elle en était arrivée là, à chasser des hommes pour vivre, seulement de son premier meurtre. A 14ans, elle avait dû ôter la vie d'un voyou pour garder la sienne. Le souvenir du sang sur ses petites mains adolescentes demeurait immortel depuis. Par la suite, faute de mieux, Mirranda rejoignait un gang. Se battre, voler, tuer devinrent des habitudes à une époque où la violence dominait les ruelles obscures et invisibles dans une banlieue de la cité aujourd’hui pacifiée. Seules les guerres de territoire et la renommée qu'elle se créait lui permettaient de prendre conscience de son existence, de sa valeur, de ses compétences. Se retrouver complètement seule avec pour seule compagnie une personne âgée ne lui avait jamais permis de se sentir « elle ». Ses camarades la surnommaient « le petit chaperon noir », en référence au capes à capuche qu'elle portait, ou encore « l'orpheline ». Cependant, elle était peut-être un des membres les plus respecté du groupe, et profitait ainsi du meilleurs matériel. Elle ne resta que quatre ans avec la bande avant de devenir indépendante. L'argent amassé servit à se payer une location dans un quartier sûr, peu avant la grande purge menée par la milice, et à se lancer. Trois ans plus tard, Le Petit Chaperon Noir poursuivait le seul travail qu'elle était capable de faire. Il faut dire aussi qu’elle y avait pris goût. Résumer sa vie était aussi cours et facile que cela. Et la vie continuait. Mirranda ressortit la tête de l'eau, écarta quelques mèches rouges de ses yeux et jeta un regard sur sa poitrine. La longue cicatrice sur son sein droit, vestige de cette époque révolue désormais, la picotait un peu. La seule importante blessure qu'elle eu jamais reçue n'avait pas été capable d'altérer son charme, et cela l'amusait un peu. Il fallait dire qu'elle était diablement belle et attirante. Grande, bien proportionnée et élancée, de longs cheveux lisses et rougeoyant, des yeux comme deux joyaux sculptés dans une émeraude et un saphir, un visage d'ange. Une démarche élégante, une silhouette gracieuse et un délicieux parfum de rose finissaient l'éloge de ce physique parfait qui en faisait rêver, et fantasmer, plus d'un. Elle ne comptait plus les hommes qu'elle avait charmés avant de les tuer. Elle en avait bien séduit un autre récemment, mais celui-ci n'était pas une proie, et elle n'avait aucune intention meurtrière envers lui. Lorsqu'elle quitta sa baignoire, une heure après y être entrée, l'album de musique terminait la lecture de sa dernière piste. Essuyée, ne portant que sa serviette sur les épaules qui ne couvrait qu'une partie de sa poitrine saillante, Di'Stephano retourna dans son salon-cuisine en chantonnant, en direction du frigo. Elle y pris une bouteille contenant une boisson translucide, et attrapa un paquet de chips au dessus de la machine réfrigérante. Une fois équipée, elle s'assit en tailleurs dans son canapé de cuir, posa les chips au fromage et la bouteille sur la table basse de même qu'elle prenait la télécommande de la télévision et qu'elle l'allumait, passant sur la chaîne des informations. L'écran illumina la pièce et montrait un présentateur, assis à une table devant de multiples écrans, qui parlait d'une voix ferme mais calme. . « Le tueur en série, Zaïn Nex, a commis deux nouveaux meurtres hier soir. Ses victimes, deux femmes de 20 et 22 ans, ont été retrouvées dans une ruelle du quartier ouest. Les corps, mutilés et déchirés, sont difficilement identifiables. Le même mode opératoire et les mêmes marques sur les cadavres nous ont permis d'identifier avec certitude celui que nos concitoyens surnomment la « Mort Grise ». Le commandant de la milice, Alexandre Reeves, nous a assuré que toute les forces disponibles traquaient actuellement et traqueront jusqu'à sa capture et son exécution ce dangereux criminel. Jusqu'à nouvel ordre, un couvre feu est instauré dans le quartier Ouest pour la sécurité de ses habitants. Toute présence hors de vos logements à partir de 22H sera punie par la milice. » La spectatrice esquissa un sourire moqueur et attrapa sa bouteille. Une bonne gorgée, au goulot. Mirranda reposa fortement la bouteille sur la table basse en poussant un long râle suite à la brûlure de l'alcool. Le slogan de la vodka Hurius, « vous épargne les braises, vous offre les flammes », révélait avec exactitude la force de cette vodka brûlante qui, au delà d'une très profonde chaleur dans la gorge, provoquait une sensation de puissance tant survivre à cette boisson était ardu, l'Hurius comprenant un degré d'alcool beaucoup plus haut que ses ancêtres. La jeune femme croqua une chips au fromage, et lança à l'attention de la télévision : « Tu parles. La milice est pas plus capable de capturer Zaïn que moi de devenir leur commandant. Tout ce qu'ils vont faire, c'est envahir les rues et jouer au petits soldats avec la population, comme d'habitude. Et à part faire chier le monde, ça ne servira absolument à rien, alors à quoi bon... » Tandis que le présentateur continuait de parler des relations politiques entre les différents partis de la ville, la dame des lieux enfila une culotte ainsi qu'une nuisette assez pâle pour en être presque transparente, avant de continuer d'assaillir encore et encore le paquets de chips et, avec plus de modération cependant, la bouteille de vodka Hurius. Le bulletin d'information ne traitant plus de sujets assez intéressants, Mirranda le laissa tourner comme bruit de fond et se dirigea à nouveau vers son frigidaire, en quête de quelque chose à se faire à manger. La sonnette de la porte l'arrêta dans son mouvement affamé. Virgo activa l'interphone via la commande présente sur le mur de sa cuisine, n'attendant pas son invité si tôt. « Hum ? - Fox ma puce. - ... Je t'ouvre, attend là. » Une fois la porte ouverte devant lui, l'homme ouvrit grand ses bras pour y serrer sa dulcinée. Cependant, tout ce qu'il reçu fut un coup de balais dans le visage. « T'es en avance, trou du'c. - Moi aussi je t'aime. » Fox entra dans l'appartement et referma la porte derrière lui, pour ensuite poser sa main sur le visage de la femme en face de lui. Il déposa un baiser sur les lèvres de sa tendre qui lui rendit à son tours, puis laissa tomber son sac à dos sur le sol dans un bruit sourd. La tueuse à gages verrouilla l'entrée de son chez soi alors que son compagnon ouvrait sa besace et en sortait plusieurs choses qu'il déposait sur la table du salon : un imposant pistolet portant l'insigne de la milice, une caisse de munitions, un gros dossier et une carte de donnée. « Tu serrais venu à l'heure prévue que j'aurais eu le temps de faire à manger, mais là, comme tu le vois... - Je vois surtout MA bouteille de vodka que tu étais en train de siroter... - C'est de ta faute, t'avait pas qu'à la laisser chez moi. - Bah bien sûr... bon, je t'ai ramené tout ce que tu m'as demandé, et un petit bonus. - Ah ? - J'espère que ton mini-four marche toujours. » Le jeune homme se releva en ricanant, deux plats conditionnés et pré-préparés n'attendant qu'à être cuits et mangés dans les mains. A la vue de sa nourriture préférée, pâtes accompagnées de lardons et de sauce blanche, l'animosité feinte de Mirranda disparut rapidement pour faire place à une expression d'extrême envie. Elle sautillait presque sur place, et son ventre qui gargouillai la trahissait. L'invité se mit en marche vers le mini-four, déballant les deux assiettes et les mettant à chauffer pendant que son hôte, toujours aussi peu vêtue, prenait dans ses mains et observait la nouvelle arme que son aimé lui avait ramené. « Tu as dû avoir du mal à te le procurer chéri. - Normalement, c'est le modèle fourni aux gradés, mais celui-ci traînait dans la réserve. Un jeu d'enfant. - Merci. - Héhé, de rien, la meilleure pétoire pour la meilleure des femmes. Punisher V5. Léger, adaptable, chargeur de 9 balles perforantes et semi-explosives de calibre 15, portée et cadence de tir optimum pour une arme de ce gabarit. Quant à la puissance fournie par la propulsion à impulsion du canon... Une seule balle suffit pour descendre un loup de plus de 200 kilos. - Je sens que je l'aime déjà. - Pour sûr qu'il va te plaire. Je t'ai aussi apporté une caisse remplie de cartouches. Si tu ne t'amuses pas à défourailler à tout va, tu devrais pouvoir tenir facilement un bon moment avec. A n'utiliser qu'en dernier recours, vu les trous que ça fait... - J'adore. - Considère le comme un cadeau en gage de mon amour pour toi. - Dans ce cas... je ne vois qu'une seule manière de te remercier pour un si beau présent. - Ah ? C'est à dire ? » Une lueur de malice illumina les yeux de la jeune femme alors qu'elle se rapprochait de son petit ami, quand le signal sonore du mini-four se fit entendre. « Manger !!!!! » Sans prêter aucune attention à son compagnon qui affichait le visage de la déception, Di'Stephano se rua sur la machine et en sortit les deux plats malgré la chaleur, qu'elle déposa sur la table de la cuisine. En moins de temps qu'il faut pour le dire, elle se trouvait déjà assise, couverts en main, à déguster son délicieux dîner. Non sans un soupir, Fox s'assit également et entama sa part du repas, prenant la parole entre deux bouchées de pâtes. « Des résultats aujourd'hui ? - Absolument rien, je sais juste que j'éviterais le bar Mog maintenant. - Pourquoi donc ? - Et bien... disons que j'ai eu une petite altercation avec le patron. - Quand tu veux une information, tu peux pas demander gentiment ? - Non, cet abruti m'aurait pas répondu. Et puis de toute façon, ce qu'il m'a dit ne m'a avancé à rien. - Bah, c'est pas si grave. J'ai récupéré une copie du dossier de Zaïn et quelques données du réseau pour toi. Ça devrait bien t'aider. - Hum... ça dit quoi ? - Va chercher le dossier. - T'as qu'à lever tes fesses. - Non, je viens de te faire à manger. C'est à toi de bouger ma puce. » Mirranda se leva et fit quelques pas pour aller chercher la liasse de papiers, puis revint à table et le confia à son compagnon. Ce dernier ouvrit le dossier, et en sortit une carte dont plusieurs points de la ville avaient été entouré de rouge et commença son explication. « Tu vois, d'abord le quartier Nord. Puis le Sud. Au départ, on prenait pas trop ça au sérieux. Puis, à cet endroit, il a attaqué en pleine nuit un groupe de miliciens. Aucun n'a survécu, et le commandant à décidé de prendre des mesures drastiques, sans en informer les citoyens bien sûr. Récemment, Zaïn a pénétré le quartier Ouest. A mesure que les patrouilles quadrillent les secteurs de la ville, il migre et continue de tuer. Toute les tentatives pour le rabattre vers une zone particulière et le piéger se sont soldées par des échecs, il est malin. Cependant, un peu au moins prévoir sa localisation dans un secteur de la ville grâce au quadrillage, avec une précision relative mais qui à le mérite d'être là. Jusqu'à maintenant et « grâce » aux meurtres qu'il a pu faire, nos estimations se sont révélées exactes. - Ce soir ? - Secteur D-4, quartier Ouest. Il devrait normalement rôder dans ce coin là. - J'ai hâte de toucher ma prime... j'en ai assez de lui courir après. - Je me doute bien. - Quelles sont les autres infos que tu as pour moi ? - Les positions et itinéraires des patrouilles de cette nuit, plus leurs effectifs. Tu pourras facilement les éviter avec ça. Je les ai noté sur la carte avec les différentes positions et heures qui correspondent. - Hum... Plutôt utile en effet. Le reste ? - Toute les dernières décisions du commandant. Les affectations, les effectifs, les mesures et autres sur la carte de données. Tu ferrais bien d'étudier ça quand tu auras le temps, ça te donnera un temps d'avance sur la milice. - Merci mon coeur... » Fox referma le dossier, terminant son assiette de pattes. Il amena les couverts près du lave-vaisselle, et se servit un grand verre d'Hurius en regardant l'heure. « Si tu veux y aller ce soir, vas-y maintenant. Je t'attends à l'appartement. » Mirranda acquiesça en se levant, déposant un baiser sur les lèvres du jeune homme. Elle lui adressa un franc sourire, et retourna se préparer dans la salle qui lui servait de débarrât et d'armurerie. Son compagnon l'attrapa par le bras, une lueur d'inquiétude dans le regards. « Fais attention, mon ange. - Ne t'inquiète pas John, ça va aller. » |
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| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses Mar 20 Oct - 22:37 | |
| Chapitre Second
La jeune femme consulta sa montre une fois arrivée derrière son appartement. Le cadran électronique et sophistiqué indiquait 21H34. Cela lui laissait le temps de faire le trajet avant le couvre-feu. Passant une carte-clé dans le lecteur du garage, elle vit la grande porte en fer coulisser vers le côté. Comme à chaque fois qu'elle la retrouvait ici, Di'Stephano ne put s'empêcher de sourire. Guidon allongé, pneus disproportionnés, allure effilée, élégante mais terrible, double pot d'échappement et scelle en cuir, peinture noire profonde ou bordeaux par endroits. La tueuse grimpa sur sa chère moto, et arracha un long grondement au moteur lorsqu'elle le démarra d'un tour de clé. La deux-roue quitta le garage en trombe, sortant de la ruelle du bloc E pour arriver sur la route principale du quartier Est et se diriger vers l'ouest. A cette heure, plus personne ne traînait sur les trottoirs ou dans les bars, de peur de croiser une patrouille de la milice. Mirranda dépassa le Mog, un petit sourire aux lèvres. Veillant sur la ville, le ciel noir étendait son firmament progressivement, dévoilant les innombrables étoiles. La lune, pleine ce soir là, diffusait une pâle lumière, douce et froide à la fois. Une brise soufflait doucement sur les rues, le vent sifflotant entre les étroites ruelles et circulant plus rapidement sur les avenues, prenant une pause sur un banc du parc ou au bord de l'eau de l'étang artificiel pour se reposer, chantant au milieu des arbres et dans les feuilles. Mis à part le vrombissement de la moto, tout était calme. A la limite entre le quartier Est et le quartier Ouest, plusieurs véhicules de la milice stationnaient phares allumés, leurs passagers surveillant la « frontière » entre la zone à risque et le reste de la cité. Un homme agita un bâton luminescent pour indiquer à l'arrivante de s'arrêter, tandis que la tourelle d'un blindé de patrouille s'orientait vers la moto. Les deux mitrailleuses à impulsion et leur gros calibre imposaient calme et coopération. Le sergent de ce point de passage désactiva son oreillette et s'approcha de la motocycliste, matraque et pistolet de service à la ceinture. Son casque et sa visière de protection ne laissait pas voir son visage, mais sa voix dure et grave restait tout à fait compréhensible. « Papiers. » Le ton, caverneux et froid, était désagréable à souhait. Cependant, Mirranda ne dit mot et sortit sa carte de citoyenne de son porte-feuille avec calme. Le gorille en armure la lui arracha des mains et retira un petit boîtier d'une des poches de sa ceinture, mettant en marche l'appareil d'une pression de bouton. Il passa la carte au scanner, confirmant sa validité, et la rendit à la jeune femme. « C'est pas encore l'heure du couvre-feu, alors vous pouvez passer. Mais le quartier Ouest est une zone classée à risques. Ne venez pas vous plaindre s'il vous arrive quelque chose, du moments où vous entrez dans la zone, vous devez en assumer les conséquences. » La pilote ne donna aucune réponse et redémarra le moteur de son véhicule, traversant le barrage entre les deux auto-mitrailleuses qui venaient de s'écarter. Si le quartier Est avait parut désert, il n'en était pas moins de l'Ouest. Pas âme qui vive dans les rues, par un bar encore ouvert. Tout semblait endormi, absent et vide. Comme si la jeune femme fut la seule personne présente en ces lieux. Enfin, en apparence. Mirranda arriva finalement à destination, devant une boutique aux vitrines éclairée par des néons, présentant aux passant et au néant de cette nuit une multitude de fleurs diverses et colorées. A la vue s'étalaient roses, rouges, blanches, noires même, chrysanthèmes, lys, narcisses, orchidées... Toute ces fleurs désormais si rares entre les murs de la ville. Un panneau affichait « fermé » à l'entrée de l'Eden Garden, cependant, la tueuse pressa tout de même le bouton de la sonnette. En guise de réponse, une petite veilleuse lumineuse se mit à briller dans un petit passage entre le bâtiment et un autre. Elle s'y engagea et arriva devant la grande porte de la réserve qui s'ouvrit d'elle même pour laisser la moto y pénétrer. Le grondement du moteur prit fin quand la jeune femme le coupa d'un tour de clé alors que les détecteurs de mouvements allumaient les lumières de la pièce pour dévoiler de longues et multiples étagères fermées. Derrière les vitres, de petits modules à ultra-violets diffusaient leur lueur violacée sur des rangées de fleurs rares et soignées. Malgré leur prison de verre, elles répandaient une certaine senteur issue de tout leurs parfums réunis, une odeur musquée et assez déroutante, mais plaisante. Alors que Mirranda retirait son casque noir, la porte menant à l'intérieur de la petite échoppe s'ouvrit et une voix mûre et âgée en surgit. « Qu'est-ce que tu veux encore à cette pauvre veille dame que je suis ? » Descendant les quelques marches, la silhouette de la propriétaire se dessina progressivement. Les années avaient laissé leur trace sur la vendeuse de fleurs qui dégageait une aura de sagesse semblant lui donner un âge immémorial. En chemise de nuit imprimée de chrysanthèmes, elle se tenait droite sur sa cane ouvragée et maintenait son regard bleu pâle braqué dans les yeux verrons de l'orpheline qu'elle avait recueilli il y a de cela des années, hébergée et nourrie alors que cette dernière passait plus de temps entourée de malfrats que de fleurs. Cette dernière secoua sa chevelure et posa sa veste de cuir sur la selle avant de répondre calmement. « Tu ne devrais pas ouvrir à n'importe qui à cette heure-ci, surtout en ce moment. - Tu es la seule à avoir un tel bolide dans la cité, impossible de ne pas te reconnaître. - Tes caméras sont biens cachées. - C'est pour éviter que de petits voyous ne s'amusent à les aveugler à coup de bombes de peintures. » La petite veille s'autorisa un petit rire, se remémorant les farces que son ancienne fille-adoptive lui faisait à l’époque. D'un signe de la main, elle l'invita à la suivre pour rejoindre le bureau du commerce où elles prirent chacune une chaise autour d'un bureau couvert de papiers. « En quoi puis-je t'aider, petite ingrate ? - J'aimerais laisser Lady ici pour une partie de la nuit, et la récupérer dans quelques heures. - Une proie ce soir ? - Oui. - Je ne cesserais jamais de te dire que c'est un travail dangereux... - Ne t'inquiète pas, mon amie, je reviendrais te tourmenter en un seul morceau. » Toutes deux sourirent, puis la maîtresse des lieux sortit une carte-clé d'un tiroir et la donna à son invitée. « Ne me réveille pas en repartant, je n'ai pas envie de te voir couverte de sang. « Merci, Katherine. - Un jour, mon infinie bonté séculaire me perdra ! - Espérons que ce jour n'arrivera pas de si tôt. - Oui, bien évidemment. Et n'oublie pas ta promesse, petite fille. - Ne pas mourir avant toi, c'est noté. - Bien. Alors vas-y. » Di'Stephano posa ses deux mains sur le bureau et se pencha pour embrasser la joue de la vielle vendeuse, puis quitta l'endroit pour ressortir par la réserve dont la porte électronique se referma derrière elle. Une sorte de frisson parcouru sa peau délicate. Il ne devait pas être trop loin. Cachant son visage sous la capuche de sa cape, elle emprunta à nouveau l'étroit boyau et grimpa une échelle soudée au mur blanc jusqu'à une passerelle qui surplombait la rue et assurait la jonction entre l'immeuble de l'Eden Garden et celui d'en face. A 22H22, il valait mieux se déplacer en hauteur et discrètement plutôt que de marcher directement au sol au risque de croiser une patrouille de la milice. Longer les étages des bâtiments en empruntant le réseau arachnéen de passerelles communes aux blocs d'habitations permettait de voir les ennuis avec un temps d'avance et de se mouvoir, ou de fuir, plus aisément. Gracieusement et sans un bruit, elle survola ainsi le bloc-B en direction du bloc-D où, selon les estimations de la milice, sa proie devrait se trouver. Toutefois, ce n'est pas Zain Nex qu'elle aperçut au détour d'un ruelle, dans l'ombre d'une bâtisse de plusieurs étages. A genoux au sol, les mains attachées dans le dos par un système de menottes perfectionné, un homme baissait la tête et regardait le sol. Deux miliciens se tenaient devant lui, matraque énergétique à la main. Un violent coup dans le visage projeta le malheureux sur ses flancs alors que les décharges d'énergie qui parcouraient ses terminaisons nerveuses le tordaient de douleur. A l'autre bout du goulot débouchant sur une avenue, un troisième tortionnaire faisait le guet, fusil à impulsion en main. Si cela ne lui amènerait absolument aucun problème, Di'Stephano se ferait un plaisir de tuer gratuitement ce genre d'hommes. Un de ces monstres pressa les commandes de son casque et, dans un petit bruit pneumatique, le désolidarisa de son armure pour sortir un briquet et un cigare d'une pochette à sa ceinture et se l'allumer. Il souffla une volute de fumée, semblant observer un endroit que lui seul voyait, puis lança un violent coup de pied dans les côtes du citoyen couché à terre. « Alors comme ça, on ne respecte pas le couvre-feu ? - Je travaille dans une clinique qui ferme un… un peu avant l’heure… - Qu’est-ce que ça peut me foutre ? - J’étais seulement en train de rentrer chez moi… - Ah d’accord, je vois, on a fait une malencontreuse bavure… » Le dirigeant de la patrouille écrasa le sternum du citoyen sous sa botte cloutée, se penchant pour lui souffler la fumée en plein visage. « Je ne sais pas trop si tu vas pouvoir retourner chez toi, toubib. - Pitié, j’ai une femme et un bébé qui m’attendent ! » Devant ce signe évident de rébellion, le milicien activa sa matraque énergétique et plaqua son extrémité contre le front du malheureux, qui fut à nouveau pris de douloureuses convulsions et de hoquets sporadiques. Bien que l’instrument de torture fut désactivé quelques instants après, la souffrance persista de longues secondes avant que l’ignoble « représentant » de la loi ne reprenne. « T’as combien de crédits sur toi ? - 2… - 2 ?! Tu te fous de ma gueule ? - 2… 200… - Ah, je préfère. C’est pas grand chose, mais ça suffira… Relève toi. » L’homme tenta de se redresser avec peine, n’y parvenant que la troisième fois grâce au bras tendu du second milicien. Titubant, il prit appui sur le mur derrière lui et sortit son porte feuille de sa veste dont il extirpa deux billets rouges de 100 crédit chacun. Le sergent lui arracha des mains, et lui adressa un sourire malsain. Puis il dégaina son pistolet à impulsion et logea une balle de calibre moyen dans le genou gauche du civil qui hurla de douleur en s’écroulant au sol. « Il t’aurait fallu 400 de plus pour t’éviter l’infirmité, et encore, j’ai été sympa sur les tarifs. » Mirranda fut envahie d’un profond dégoût et d’un désir impérieux d'abattre ces trois miliciens, mais cela n’arrangerait sûrement pas sa situation avec l’ordre établi. Elle ne pouvait malgré tout rester ainsi à regarder ce pauvre homme se faire battre à mort par ces porcs. Il lui fallait un plan, quelque chose pour faire payer à ces monstres abjects sans se mettre elle même en danger. Un instant, elle cru que l’homme la regardait dans les yeux, et ce fut comme un déclic. Elle se trouva bien égoïste de penser à son confort avant la santé de cet innocent qu’on torturait sous ses yeux. Cessant de réfléchir, elle saisit son arbalète dans son dos, releva le cran de sûreté et la braqua en direction du sergent de la patrouille. L'œil dans la lunette de visée qu’elle avait adapté à l’arme, elle ajusta son tir et posa le doigt sur la détente. En hauteur, derrière eux, elle disposait de l’effet de surprise pour tuer les deux les plus proches et du temps pour se repositionner et supprimer le troisième avant qu’il ne puisse délivrer un tir de barrage et appeler du renfort. La tête non protégée du sergent en ligne de mire, la respiration suspendue, elle commença à presser la détente. Mais elle n’eu pas l’occasion de terminer son mouvement, sa détermination meurtrière laissant place à la stupéfaction. D’ailleurs, elle ne fut pas la seule à être saisie de surprise. Une ombre imposante surgit derrière la cible depuis une autre passerelle collé à la façade d’un bâtiment, inclinant brutalement son corps en arrière dans un angle impossible pour lui déchirer la gorge d’un violent coup de griffe. Le second milicien, paralysé par le flot de sang qui jaillissait de la jugulaire de son supérieur, par la terreur que lui inspirait cette silhouette massive et par la surprise eu à peine le temps de lever son arme que l’assaillant brisait les ses os d’une série de coups violents et brutaux. Le corps s’écroula au sol au même moment où le guet se retournait, alarmé par les bruits soudains et inquiétants. L’espace d’une seconde, il put observer la chose qui avait tué ses deux collègues le temps d’un battement de cœur et sans leur laisser aucune chance. Elle ne ressemblait pas à un homme, pas totalement. Il ne put distinguer que deux yeux jaunes irradiant de bestialité, puis il ouvrit le feu. Propulsées à très grande vitesse par l’impulsion énergétique qui donnait son nom aux armes de ce type, les balles fusèrent vers l’être indistinct alors qu’il parcourait sans ralentir les quelques mètres qui le séparait encore de sa troisième victime. La créature effectua un bond d’une distance surprenante et plaqua le milicien au sol, puis lui administra une série de violents coups de poings dans le visage jusqu’à ce qu’il ne réagisse plus. De toute sa vie, courte mais remplie, la jeune femme n’avait jamais vu ça. Elle connaissait les rumeurs qui parlaient d’assassins et de soldats génétiques aux capacités décuplées, mais jamais d’une bête un peu plus grande qu’un homme capable de courir sans broncher sous un feu nourri. La bête leva sa tête vers les cieux, semblant fixer le cercle lunaire, puis poussa un long hurlement. Comme les loups. Mirranda en fut glacé d’effroi et, ne sachant que faire, ajusta sa lunette de visée pour observer plus précisément. Elle voyait des muscles saillants, une fourrure grise, un faciès animal avec une gueule allongée et bardée de crocs. Mais elle remarqua surtout un détail capital. Tatoué à la base de la nuque de ce truc, elle vit un code-barre qu’elle connaissait déjà par cœur. Celui que portait Zain Nex depuis son premier emprisonnement. C'était inconcevable. Sur toutes les photographies ou enregistrements vidéos dont il faisait l'objet, le tueur en série apparaissait comme un homme, et non pas comme une bête à l'apparence très vaguement humaine bien qu'elle le fut visiblement à l'origine. Le monstre partageait à la fois des caractéristiques humaines, comme le mode de déplacement et de maintient sur deux jambes, son aptitude à manier un poignard ou des mains à cinq doigts dont un pouce, mais aussi des similitudes avec les loups, la fourrure grise, la queue touffue, les oreilles dressées, les crocs ou le hurlement à la lune. C'était soit une hallucination, soit du jamais vu dans la cité et ses alentours. Tandis que la jeune femme, l'esprit confus, tentait d'identifier cette créature en cherchant dans sa mémoire, le décors changea du tout au tout devant ses yeux. Des flammes envahirent les environs, submergèrent la petite fille et sa mère qui la tenait dans les bras. La porte de sa chambre vola en éclat, et tout ce qu'elle put voir avant de passer au travers de la fenêtre fut deux horribles yeux jaunes. Le contact avec le sol après sa chute lui infligea une vive douleur, troublant sa vue un instant. Cette réminiscence de son passée fut vite chassée lorsque l'homme-loup se retourna soudainement dans sa direction en aboyant, semblant l'avoir repérée. Brusquement consciente qu'elle n'était pas de taille, Mirranda délaissa son observation macabre et s'enfuit à toute jambe, passant l'angle de la passerelle pour se mettre hors de vue derrière l'immeuble. Ses foulées rapides résonnaient en un son métallique alors qu'elle s'éloignait de sa précédente position et qu'un cri de peur emplissait le quartier. Le citoyen qu'elle voulu sauver connu probablement une fin bien pire que la vie avec un genou broyé. Trois par trois, moins effrayée que rationnelle, la tueuse descendit les escaliers la menant au niveau inférieur du réseau et traversa en toute hâte un pont menant aux bâtiments de l'autre côté de la rue. Une secousse la força à se retenir aux rambardes pour ne pas tomber alors qu'un son sourd se répercutait tout à coup sur les murs blancs, l'informant que son poursuivant venait apparemment de sauter sur une passerelle non loin, ce que de lourds et rapides pas confirmèrent. Il se rapprochait rapidement si on se fiait aux bruits de sa course, et sa proie n'osait ni ne désirait se retourner pour le voir sur ses talons. Tandis qu'elle courrait à vive allure, elle cherchait une solution pour ne pas finir tuée ou, pire, dévorée. Le martèlement continu des lourds échos métalliques lui donna alors une idée. A la comparaison entre les sons qu'elle produisaient et ceux venant du monstre, il apparaissait sans conteste qu'il devait peser deux voir trois fois plus qu'elle. Même si la maintenance du réseau laissait à désirer, il fallait cependant trouver une passerelle en assez mauvais état et au niveau directement en dessous. Et les chances de réussite demeuraient plus qu'aléatoire, malgré tout les calculs et estimations que Di'Stephano s'évertuait à faire. Soudainement, les bruits de pas en arrière s'arrêtèrent et laissèrent place à un grognement sinistre. Parcourue de frissons, la jeune femme glissa sa main sous son pardessus et se retourna lentement pour faire face à cette chose, ce loup-garou. Il se tenait droit à seulement quelques enjambés, parfaitement dressé sur ses jambes, ou pattes, son torse se gonflant régulièrement et un mince filet de vapeur s'échappant de son museau, semblant attendre. Semblant aussi sourire. Ses abominables crocs luisaient à la lumière de la pleine lune, ses yeux brillaient d'un éclat sauvage dans la semi-pénombre. Maintenant qu'elle pouvait le jauger avec précision, Mirranda reconnu la longue cicatrice qui traversait l'oeil gauche de Zain. Il n'y avait plus de doute possible, c'était bien lui. Le monstre se pencha en avant et ouvrit ses bras, comme s'il se préparait à charger, et si cela advenait, les options deviendraient plutôt limitées. Il fallait agir en première pour rester en vie. Dégainant brusquement l'arme de poing de son holster, la tueuse braqua le Punisher V5 sur sa cible et pressa la détente, frénétiquement et à de nombreuses reprises, alors que la créature réagissait instantanément et à une vitesse fulgurante en s'élançant vers l'objet de sa chasse. Cependant, la puissance d'impact était bien plus qu'elle pouvait encaisser, reculant sous les tirs, de grandes gerbes de sang jaillissant des énormes trous perforant son corps. Avant qu'elle ne s'en rende compte, Mirranda avait vidé son chargeur et repoussé la bête de plusieurs mètres. Toutefois, bien qu'il paraisse gravement blessé, le prédateur ne semblait pas avoir dis son dernier mot. Assurant ses appuis en quelques pas, il se courba encore plus en grognant, puis posa ses deux pattes avant sur la passerelle, se prépara à l'impulsion. Di'Stephano eu a peine le temps de jeter un œil sur le côté qu'elle sauta par dessus la balustrade pour chuter un étage et atterrir douloureusement sur la passerelle passant perpendiculairement en dessous, évitant ainsi le bond que l'homme-loup effectua pour la plaquer au sol. Un grincement se fit entendre tandis que la jeune femme se relevait en réprimant la douleur, souriait difficilement. Elle recula de quelques pas pour se rapprocher d'une autre passerelle et s'agrippa à la rambarde, levant les yeux vers son assaillant qui l'observait de haut. Puis il sauta à son tours. Sa masse, décuplée par la chute, ébranla le sol de métal et brisa finalement l'armature déjà affaiblie des jonctions du pont, dont l'extrémité où avait atterrit Zain se désolidarisa du réseau et entraîna toute la section de passerelle dans un grincement horrible vers la rue, située plusieurs étages en contrebats. Le corps de métal, incliné dans le sens du monstre, percuta dans sa descente une section ceinturant l'étage inférieur d'un des deux immeubles et inversa alors son sens d'inclinaison grâce à l'impact. Cramponnée à sa barrière de sécurité, Mirranda attendit que la passerelle atteigne la hauteur d'une autre parallèle à la sienne pour plonger de toute ses forces sur cette dernière et s'agripper à son garde-corps alors que la section et la créature, surprise, continuaient de chuter désormais verticalement. Endolorie, terriblement épuisée, la jeune femme tentait vainement de se hisser sur le rebord pendant que ses forces l'abandonnaient, son saut spectaculaire ayant vidé toutes ses réserves. Un énorme fracas et un hurlement de douleur inhumain annoncèrent la fin de la chute, deux étages en dessous de la position suspendue de la tueuse à gages. Les jambes et les trois quarts du corps pendant dans le vide, ses doigts glissèrent inévitablement sur l'acier froid sans qu'elle ne puisse remonter et, à son tours, Di'Stephano sombra dans les abysses. |
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| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses Mar 20 Oct - 22:38 | |
| Interlude « Ne t’inquiète pas, ma chère petite rose… » Sa conscience re-fit brutalement surface, comme émergée d’un long et profond sommeil. Bien que ses yeux ne distinguent absolument rien dans la totale pénombre qui l’ensevelissait, et que ses oreilles n’entendent qu’une voix faible et suave parmi le néant, Mirranda ressentait la présence de quelqu'un à ses côtés. Une douce chaleur, des sentiments de sérénité et de compassion berçaient ses sens embrumés, reposaient son esprit dans une profonde quiétude. Un affable calme et un vide incommensurable où rien ne pouvait troubler sa tranquillité et son repos. « Ma douce… » Ce nouvel appel se répercuta en écho dans toute sa tête, monopolisant l’attention. Au prix d’intenses efforts de concentration, elle ne put reconnaître qu’un fort parfum musqué et un timbre particulier, féminin et fort mélodique, dans la voix de celle qui semblaient lui parler au travers de l’épais brouillard opaque et incapacitant qui l’enveloppait. Elle tenta de se mouvoir, de percer les ténèbres, mais il n’en résultat qu’une douleur lancinante et brûlante. « Laisse toi aller, tout ira pour le mieux. - Que… Que se passe t’il ? - Tu fleurit, tu t’ouvres à la nuit et déploies tes magnifiques pétales pour capter sa lumière et l’y emprisonner, t’en nourrir et la faire tienne. De tes épines, tu récolteras bientôt la sanglante vie qui te fera croître et prospérer dans ton royaume éternel et sombre, augmentera ta force et ta magnificence aux yeux du pâle et triste commun. Une splendide, exceptionnelle et terrible rose noire. » Toutes ces paroles papillotèrent dans son corps et son esprit, lui procurant d’étranges sensations indescriptibles. Tout cela lui était incompréhensible et vague, mais plein de significations qu’elle ressentait intimement, intérieurement, là où les mots ne sont plus capables d’expliquer quoi que ce soit. Il fallut alors lutter dans un inégal combat pour rester éveillée, et son être plongea à nouveau dans sa lente torpeur tandis qu’une savoureuse brise effleurait sa joue. |
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| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses Mar 20 Oct - 22:41 | |
| Chapitre trois Des sons répétitifs d’une intensité assourdissante explosèrent tout autour d’elle et frappèrent son crâne avec une force incroyable. Haletante, elle se redressa brusquement et ouvrit péniblement les yeux. Di’Stephano reconnut sa chambre, son lit, et surtout l’alarme de son réveil qui sonnait minuit par défaut après réinitialisation. Une violente migraine fit son apparition d’un seul coup, la força à se courber sur elle même et à réfugier sa tête dans ses deux mains, à serrer les dents pour se retenir de hurler. Excédée après plusieurs secondes de supplice, Mirranda repoussa le fin tissu qui lui servait de couverture et tituba hors de sa couche en direction de la porte. Mais, sans qu’elle ne puisse en comprendre la raison, son corps cessa de répondre et s’écroula contre le mur avant de s’étaler sur le sol. Le mal qui tordait sa tête disparut aussi soudainement qu’il était apparu, libérant sa chair et ses mouvements. Une silhouette familière arriva alors dans la pièce sombre, ouvrant la porte avant même que la jeune femme n’atteigne la poignée. Le nouveau venu saisit sa main toujours tendue et la releva doucement, soutenant le corps endolori de sa protégée contre lui. D’un pas mal assuré, elle gagna son salon avec l’aide qui lui permettait de rester debout, puis se laissa tomber dans son canapé, le visage dans ses mains. « John ? - Tu m’as fichu une sacrée trouille tu sais. » En chemise blanche, Fox s’assied à son tours aux côtés de son aimée et la coucha sur ses genoux tout en caressant ses cheveux. « Je t’avais dis de faire attention, mais tu ne m’écoutes jamais. » L’air hagard, la tueuse à gage fixa son regard bi-colore dans les yeux noisettes du milicien et questionna d’une voix chancelante. « Qu’est-ce qui s’est passé ? Je ne me souviens pas… - Tu as sonné à la porte ce matin, vers deux heures, et lorsque j’ai ouvert en te voyant sur la micro-caméra, tu pionçais sur le sol, couverte de sang et en piteux état. - Ce matin ? Il est quelle heure là ? - Minuit et des bretelles, c’est d’ailleurs pour ça que ton réveil s’est mit à beugler tout seul. » - Le con… j’lui avait pas demandé… - On a eu une coupure de courant de quelques secondes quand t’es arrivée, et il a redémarré avec l’alarme toujours activée. - Quelle crotte… Dis, ce matin… minuit… j’ai dormi combien de temps ? - Du moment où je t’ai ouvert, jusqu’à maintenant. - T’es resté toute la journée ici ? Et le boulot ? - Journée de repos, tu te souviens pas ? - Ah… Oui… » La jeune femme se redressa quelque peu et déposa sa tête contre l’épaule de son amant, l’enserra de ses bras pour se réfugier contre lui qui continuait ses caresses et raffermissait son étreinte, chuchotant d’une voix rassurante et apaisante. « Et puis, je ne pouvais pas te laisser alitée sans rester à ton chevet. - Je suis en si mauvais état que ça ? - Tu étais, avec une superbe plaie au ventre, très alléchante, dans le style bon steak de viande. - Baaah… t’es dégueulasse… - Bah, tu me diras, mes délires cannibales sont toujours plus propres que ta blessure l’était. Je t’ai appliqué les premiers soins avec ce que t’avais en stock, j’ai balancé ton joli corset troué, je souligne : de part en part, à la poubelle, et direction le lit. - Ah… il m’avait coûté une fortune… attend… de part en part ? - Exactement, tout comme toi quand je me suis occupé de ton cas. Je sais pas comment tu t’es fais ça, c’est le genre de blessure qui te donne pas l’occasion de te réveiller. - Une tige en acier… je suis tombé dessus… - Ah bah bravo. En tout cas… - Je suis encore vivante ? » Le sergent s’autorisa un franc sourire avant de répondre, doucement. « Aux dernières nouvelles, oui. - Pas logique… - C’est ce que je me dis aussi, surtout depuis que… - Mais je devrais avoir perdu tout mon sang le temps de revenir jusqu’à l’appart’… - Laisse moi finir mes phrases. - J’t’en prie. - Quand je suis venu te voir y’a trois heures, crois moi ou pas, ta plaie avait rétrécit de moitié. Et, honnêtement, je doute que tes trousses de secours aient ce genre de résultat en une demi journée. - Une rose… - Pardon ? » Perdue dans ses pensées, Mirranda ne répondit pas et souleva sa nuisette, n’apercevant aucune trace de perforation bien ragoûtante. Adressant un regard plein d’incompréhension à son compagnon, celui-ci se s’exclama en mimant un mouvement de baguette. « Disparue ! Je t’ai retiré les bandages y’a environ une demi heure. - Pas croyable… t’es sûr de ce que tu me racontes ? - Aussi sûr que tu as ruiné ta cape. » Fox pointa du doigt le long manteau étalé sur un fauteuil de cuir, de nombreuses coutures déchirées et des taches de sang parsemant le tissu huilé. Sa propriétaire afficha une moue infantile et reprit. « Ça me paraît trop irréel… - Je trouve ça aussi impossible que toi, mon ange, mais faut croire que tu meurs pas si facilement. - Faut croire oui… - T’as une explication, à tout hasard ? - Absolument pas… j’en suis au même niveau que toi. - T’es pas une extra-terrestre ou un truc du genre quand même ? » Le jeune homme reçu un faible crochet dans les côtes, s’excusa de sa plaisanterie et se releva en aidant l’élue de son cœur à faire de même, puis se dirigea vers la cuisine. « Ils ont parlé de trois miliciens tués cette nuit aux infos, mis sur le compte de Zain. » - Il est mort, je crois. - Tu crois ? - Je me souviens l’avoir vu et entendu chuter de plusieurs étages, avant que… - Oui ? - Je suis tombée aussi. - Ah. » Après avoir refermé le mini-congélateur, John Fox revint dans le salon avec la bouteille de vodka Hurius qu’il contenait. Il sortit un petit verre apéritif dans le bar couleur acajou, puis le remplit et le tendit à sa bien-aimée qui remettait sa flamboyante chevelure en ordre. « Histoire de te remettre d’aplomb. - Merci. » Mirranda leva le bras pour saisir le verre, mais la sonnerie de l’entrée la stoppa dans son mouvement. A l’interphone, une voix plus que rude répondit à la propriétaire. « Patrouille. Veuillez nous laissez entrer. » Fox, portant encore le pantalon de son uniforme, alla vers la porte et l’ouvrit pour découvrir trois miliciens armés face à lui. Il s’identifia rapidement comme sergent de la milice en sortant sa carte de sa poche, grade supérieur aux trois soldats, et entama la discussion pour connaître les raisons de cette inspection. Toutefois, il espérait surtout gagner du temps. Dans le salon, la jeune femme en petite tenue tentait de cacher discrètement la caisse de munitions à côté de la table basse dans son armurerie et verrouilla la porte. Le tableau fixé au mur contenant ses notes et post-it fut retourné pour présenter des instructions de cuisine, et la tueuse enfila rapidement une longue chemise noire qui traînait sur une chaise, dissimulant son buste et la nuisette transparente, mais laissant voir une bonne partie de ses jambes et de ses cuisses. Elle rejoint finalement la porte de l’appartement, se collant au dos de son petit ami et l’enserrant dans ses bras. D’une voix laissant croire qu’elle venait de se lever, elle interpella les visiteurs à son tour. « Que puis-je faire pour vous messieurs ? » Ce fut le plus grand qui lui répondit, tout aussi sèchement qu’il l’avait fait à l’interphone. « Nous devons vous interroger sur la nuit d’hier. - En quel honneur ? » « Après analyse et comparaison des fichiers citoyens, le sang découvert dans le bloc-D du quartier Ouest, proche des trois miliciens tués, a été identifié comme le vôtre. La patrouille étant passée dans cette zone à l’heure du couvre feu et n’ayant pas aperçu, je cite le rapport de ce matin, une grande flaque de sang, nous en avons déduit que vous vous trouviez encore dans cette zone après l’heure limite. - Peut-être ont-ils raté ce détail à leur passage. - J’en doute fortement, sergent. » Le dirigeant du trio repoussa du bras son supérieur et entra dans l’appartement, suivi de ses deux acolytes. Apercevant un verre posé sur la table basse aux côtés d’une bouteille d’alcool interdit, il s’en appropria et vida le contenu avant de continuer en visitant les pièces. « En vertu des lois établies sur le couvre feu, vous devez être emmenée au poste le plus proche et répondre de vos actes, après, bien sûr, avoir répondu à toutes nos questions et exigences. Le départ est immédiat. - Puis-je me vêtir ou dois-je vous suivre à demi nue ? » Sans attendre la réponse, Di’Stephano disparut dans sa chambre pendant que John continuait à occuper les trois miliciens, réfléchissant à une solution pour éviter à sa compagne un interrogatoire assez peu courtois. « Messieurs, vous pouvez retourner à votre patrouille. Je vais moi même conduire cette délinquante au poste de ce secteur. - Négatif, sergent. - Pardon ? - Nos ordres proviennent directement du colonel Reynolds. Cette femme repartira avec nous, et personne d’autre. - Je vois. Pourquoi le colonel s’intéresse t’il à une simple histoire de couvre-feu ? » - Ce n’est pas vos affaires, sergent. - Vous m’en direz tant. Je vous accompagne dans ce cas. - Négatif. Le colonel a été très clair, aucune présence extérieure. - Tout cela me semble bien louche. - On ne vous demande pas de juger les ordres, mais de les respecter, sergent. N’interférez pas. » Mirranda quitta alors sa chambre et revint vêtue d’un ensemble noir et d’une veste en cuir, l’air aussi contrariée que son ami. Un des trois miliciens l’empoigna sans ménagement et la guida vers la sortie. Fox referma la porte de l’intérieur une fois tout le monde sorti, non sans adresser un regard inquiet à celle qui l’avait séduit il y a huit mois. Elle, répondant par un clin d’œil, se voulait rassurante. Cependant, elle ne savait pas encore comment elle allait se sortir de là. Un VTB attendait au bout de la petite ruelle menant de l'appartement à la route, sa mitrailleuse HellStorm en tourelle lui donnant une allure terrifiante pour un simple transport de troupes. Cette arme était capable de réduire en bouillie des murs de béton armé en moins de temps qu'il faut pour le dire, il suffisait alors d'imaginer ce qui se passait lorsqu'une rafale frappait un homme de plein fouet. Le meneur du trio activa le système holographique de son gantelet droit et pianota sur les holo-champs pour ouvrir l'énorme rampe arrière du Carrier, tandis qu'un de ses équipiers bloquait les mains de la jeune femme dans son dos avec un système de menottes électroniques perfectionné et réputé inviolable sans le passe nécessaire à les déverrouiller. Tirant leur prisonnière avec eux, deux soldats montèrent à l'arrière, la poussèrent sur un des fauteuils soudés aux parois et s'assirent face à elle alors que le dernier grimpait dans l'habitacle pour prendre le volant. Bien qu'elle ne fut pas attachée par les harnais de sécurité intégrés aux sièges, ses entraves et les deux hommes en armes restreignaient sérieusement ses mouvements. Les miliciens ne portant pas leurs casques, la tueuse à gages pouvait facilement observer leurs visages satisfaits et bourrus. Ils devaient apprécier de la voir ainsi attachée et sans défense dans ce lieu clos. Cependant, ils ne souriraient plus très longtemps. D'abord surprise par cette soudaine pensée et par les images qu'elle aperçut, Mirranda se courba ensuite de douleur en criant, assaillie d'une terrible chaleur qui chauffait à blanc sa peau toute entière. Sa tête la faisait souffrir à un point inimaginable, tant qu'elle cru que son crâne allait imploser. Lorsqu'un milicien s'approcha d'elle, ses liens se rompirent et tombèrent brisés sur le sol, les solides attaches et verrous maintenant les menottes l'une contre l'autre broyés par une force phénoménale. Le véhicule fut soudain secoué par de violents chocs et des hurlements venants de l'arrière, si bien que le chauffeur en eu des sueurs froides. Après avoir coupé le moteur, le colosse se leva et enclencha l'ouverture du sas entre les deux parties du VTB, son pistolet Reedemer à la main. Ce qu'il vit l'horrifia et le paralysa de peur. La prisonnière se trouvait au dessus d'un de ses camarades, une main enfoncée dans son buste et l'autre forçant depuis l'horrible plaie sur le côté pour arracher sa cage thoracique dans une monstrueuse giclée de sang. L'autre milicien gisait sur le sol la mâchoire déboîtée et les yeux pleins de frayeur, sa maxillaire inférieure se trouvant à l'autre bout du compartiment. La femme, au même titre que tout ce qui l'entourait, était couverte d'hémoglobine. Le survivant pu voir ses yeux au moment où elle le remarquait. Son regard avait perdu sa teinte bicolore, bleu pour un œil et vert pour l'autre, et brillait maintenant d'un noir luisant et complet, un noir profond et terrifiant. Avant même que l'homme puisse lever son arme, sa cible se jeta sur lui et le désarma d'un revers de main, avant d'envoyer directement dans son visage un coup de poing dévastateur et mortel. Le corps inerte s'écrasa contre le pare-brise blindé et le fissura, avant de s'étaler mollement contre le tableau de commandes. Malgré le fait qu'une blessure perforait son épaule gauche, tir qu'elle avait encaissé à bout portant, Mirranda ne semblait nullement gênée et se tenait droite au milieu du carnage et du décors écarlate. Elle ne semblait toutefois pas elle-même, ce qu'attestaient ces yeux et ses mains couvertes de sang et de lambeaux de chair. Sans chercher à l'ouvrir convenablement, Di'Stephano défonça la porte renforcée et sauta hors du véhicule. Elle percevait de multiples auras rougeoyantes à l'intérieur des bâtisses qui bordaient la route. Un impérieux désir de meurtre et de sang lui ordonnait de les tuer tous, mais une curieuse impression l'immobilisait. Elle ressentait une sensation incompréhensible et indescriptible, une présence qui rendait son actuelle puissance plus que ridicule. Puis son corps cessa de fonctionner et elle s'écroula. Avant le vide et le sommeil, elle sentit une force l'empoigner et son corps s'envoler, puis plus rien. Dans sa torpeur, d'étranges visions apparaissaient et disparaissaient par flashs successifs et sporadiques. Elle voyait des visages inconnus, des images de femmes qu'elle ne pouvait identifier malgré la familiarité qu'elles lui inspiraient. La plupart d'entre elles se ressemblaient fortement et leurs tenues variaient, les rapportant à l'époque actuelle pour quelques unes ou plus de trois cents ans en arrière pour celle qui revenait le plus souvent, vêtue d'une somptueuse robe relavant d’une histoire lointaine et des princesses du passé. Ne se souvenant que vaguement du visage de sa mère, la jeune femme aurait pu certifier être la fille de cette femme énigmatique même si c'était faux. Elle ressentait un puissant et intime lien qu'elle ne pouvait définir. Puis deux nouvelle figure la remplacèrent au premier plan. Elles paraissaient plus contemporaines, plus jeunes également. Comme la précédente, celles-ci émanaient de forts sentiments de familiarité, non pas comme une mère mais comme des sœurs. Et pourtant, Mirranda n'en avait jamais eu. Profondément troublée et désorientée, elle ne parvenait pas à comprendre ce maelström de portraits et de voix. Dans le chaos, elle put seulement distinguer le timbre particulier et fluet qu'elle avait déjà entendu lorsqu'elle reposait inconsciente, avant de se réveiller dans son lit. Elle frissonna. Ses muscles la faisait souffrir, mais les visions monopolisaient son attention. Non plus des femmes seules, elle voyait à présent par flash rapides et successifs des scènes éparses, nombreuses et incohérentes. Le torrent de voix qu’elle entendait fini par se calmer, laissant place à une lourde mélodie, mélancolique et sombre, aux sons graves et au timbre propre à la violoncelle. Une vive douleur la frappa alors au ventre, une brûlure insupportable, comme si elle avait été transpercée par du fer chauffé à blanc. Son corps s’embrasa en un instant et elle cru brûler vive. Elle ne vit plus que des flammes et ne ressentit que l’interminable souffrance que tant de ses sœurs et de ses mères avaient enduré avant elle. Bientôt, tout devint noir. Plus aucune vision, plus aucun son, plus aucune sensation. Le vide complet. Mirranda soupira de soulagement et ouvrit ses yeux. Même si son corps ne lui répondait pas, elle put tout de même observer son environnement. Elle se réveillait à nouveau dans un lit, mais pas le sien cette fois-ci. Des rideaux blanc transparents, probablement de soie, isolaient le lit à baldaquin du reste de la chambre. La jeune femme quitta la douce couverture rouge après quelques minutes, et s’assied contre les oreillers brodés, perplexe. Ceux-ci, comme le lit tout entier d’ailleurs, respiraient l’élégance. En ces temps, rencontrer un tel mobilier était rare et surprenant. Non pas que l’esthétisme eut quitté ce monde depuis longtemps, mais que la mode avait beaucoup changé. En effet, la chambre dans son ensemble relevait d’un style oublié depuis des siècles. Mirranda le savait, même si elle ne se rappelait pas d’où elle l’avait appris. Quittant la couche, elle écarta les voiles de soie, posa ses pieds nus sur un plancher ciré et tourna son attention sur la pièce. Les meubles d’ébène sculpté et les rideaux de dentelle rouge couvrant une immense fenêtre sur le dehors furent bluffant de raffinement. La tueuse à gage n’avait jamais rien vu de pareil, et pourtant, elle trouva cela fort charmant. La beauté des lieux lui aurait fait oublier sa situation si ce n’était son affreux mal de tête. A la lueur des bougies, elle s’approcha d’une table basse de marbre où elle découvrit une étrange bouteille de verre, qu’elle cru d’abord remplie de vin rouge, posée à côté de verres en cristal. Toutefois, elle, qui n’avait jamais eu de penchant particulier pour cette boisson, ressentit une brusque et insatiable soif en voyant ce breuvage. Ce désir impérieux l’entraînait inextricablement et inexplicablement vers le liquide rouge bordeaux, rouge sang, qui brillait dans son récipient. Débouchant la bouteille, Mirranda en versa le contenu dans un des verres cristallin et porta celui-ci à ses lèvres, humant son parfum avant de faire glisser le fluide entre ses lèvres entrouvertes. Parfaitement délicieux. Même le sérieux coup de fouet délivré par une gorgée de vodka Hurius n’était pas aussi vivifiant. Son affreuse migraine disparaissait progressivement et son corps se voyait gorgé de vigueur, son engourdissement évanoui. Malgré ces effets curatifs et un fort plaisir, le goût du sang se reconnut facilement, ce qui se révéla plutôt surprenant du fait que Di’Stephano ignorait une telle addiction, nouvelle et si puissante. Boire du sang lui avait d’ailleurs toujours parut répugnant. Elle n’eut cependant pas plus de temps pour philosopher sur ce goût prononcé envers l’hémoglobine. La porte de la somptueuse chambre s’ouvrit soudainement et sans bruit, dévoilant une silhouette éclairée par le chandelier qu’elle portait. Elle ressemblait à une jeune fille de seize ans, aux longs cheveux blond attachés et coiffée selon une mode antique, aux yeux d’un marron noisette et portant une splendide robe d’inspiration médiévale, brodée de dentelle noire. Mirranda l’avait exactement vue dans ses visions chaotiques, c’était une certitude. L’inconnue sourit comme un enfant, puis demanda d’une voix fluette : « Enfin réveillée, petite sœur ? » |
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| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses Mar 20 Oct - 22:43 | |
| Chapitre quatre La jeune femme fut surprise de l'appellation, et demeura silencieuse quelques secondes avant de répondre, ne sachant que dire, le plus naturellement possible. « Petite sœur ? Je dois bien avoir plusieurs paires d'années de plus que toi. - Oh, ça, j'en doute, Mirranda. - En plus, je n'te connais même p... » L'adolescente mystérieuse adressa un nouveau sourire alors que son interlocutrice s'arrêtait dans sa phrase, remarquant qu'elle connaissait parfaitement le personnage qui se tenait en face d'elle. Comme si elles avaient grandi ensemble. « Marylynn... - Tout à fait. Je vois que le lien qui nous unis toutes commence à se renforcer entre toi et nous. - Un lien ? Toutes ? - Tu comprendras bien vite sans que je n'ai besoin de te l'expliquer. - Et bien, euh... y'a pas mal de choses que j'ai du mal à suivre, justement. - Ah oui ? - Qu'est-ce que je fais ici d'ailleurs ? » Marylynn, une lueur de malice dans les yeux, ne répondit pas de suite, entrant dans la chambre pour poser son chandelier sur la table de marbre et se servir un verre de sang qu’elle porta à ses lèvres, le dégustant lentement. Elle se lécha les lèvres du bout de sa langue, puis expliqua enfin. « Tu es là dans la demeure des sœurs de Gabriac, enfin, plutôt dans leur refuge. - Hum… et donc, qu’est-ce que j’y fait ? J’ai du mal à me souvenir des évènements passés… - Ton amnésie est naturelle, mais passagère. Tu as déjà commencé ta transition depuis presque une journée que tu dors, cela devrait se terminer dans quelques heures. - Transition ? C’est pour ça que je suis malade ? - Depuis deux jours et deux nuits oui. - Depuis… que Zaïn a failli me tuer. - Oh, il a bien réussi son coup. Bien qu’il soit mort, lui aussi. - Je… je suis morte ? - Et bien, tu as frôlé la mort. Puis ma sœur est intervenue et a fait de toi une des nôtres. - C’est pour ça que j’ai survécu, enfin, que je suis toujours là. - Exact. - Mais… je ne comprend toujours pas. Qu’est ce que ta sœur m’a fait pour me ramener à la vie ? - Dans le fond ou dans la forme ? - Bah, les deux. - Elle t’a offert le baiser qui a changé ton être de l’humain à notre race. - Euh… une race ? - Les vampires. » Mirranda tressaillit. Elle n’avait jamais entendu parler de vampires, créature fantastique oubliée depuis longtemps. Cependant, elle savait tout ce qu’il y’avait à savoir sur ces êtres bien qu’elle ne les ait jamais étudiés. Elle faisait désormais partie des vampires, elle possédait toute leur connaissance et toute leur histoire. Tant de souvenirs et d’informations qui ne lui appartenaient pas et qu’elle avait du mal à assimiler et à supporter. Tout était encore confus dans son esprit, mais présent. Sa mémoire se mélangeait avec celle de toutes les vampires qui la précédèrent, sans qu’elle ne puisse totalement l’appréhender. Ainsi, elle détenait la totalité des informations sur sa race, sans avoir conscience et compréhension de la majorité. « Je ne suis plus humaine. - Exact. - Mais que suis-je devenue ? Que sommes nous ? - Tu comprendra petit à petit, il faut laisser le temps faire son travail. Je peux toutefois répondre à quelques questions si tu en as l’envie. » La vampire aux cheveux dorés écarta le tissu diaphane et s’assied sur le rebord du lit, son visage charmeur brillant à la clarté des flammèches qui donnaient à sa peau si blanche un teint lumineux. On aurait cru le faciès sculpté d’une poupée de porcelaine. Des lèvres d’un rose pâle, surmontées d’un nez fin et élancé, des yeux au contour gracieusement dessiné, surplombant des pommettes harmonieuses et un menton délicat. De ses doigts de pianiste, elle défit la cordelette rouge qui retenait sa chevelure attachée et la laissa retomber sur son dos et ses épaules en plusieurs centaines de fils blonds aux reflets éclatants. Quelques mèches se laissaient choir devant son visage, lui donnant l’air d’une adolescente à la coiffure sauvage, et descendaient en pointes jusqu’à son poitrail engoncé dans son corset soigné. Sa taille, son visage et ses courbes ne lui donnaient pas plus de seize ans, mais il en était autrement et Mirranda le sentait. Aussi la question ne fut pas une surprise pour l’intéressée. « Dans ce cas, dis moi, quel âge as-tu, toi qui sous-entend être bien plus vieille que moi ? - J’aurais 207 ans cette année. - Ah, oui, en effet… Plutôt bien conservée. L’adolescente bi-centenaire rit doucement, amusée par la remarque, puis répondit. - Nous ne pouvons mourir de vieillesse, et nous gardons de plus l’apparence que nous avions lorsque nous devenons vampire. Dans l’autre cas, nous choisissons nous même lorsque nous voulons stopper le vieillissement de notre corps. - L’autre cas ? - Naître d’une mère vampire, ne pas avoir été humain a l’origine. - Je vois, c’est pour cela que tu as encore l’air si jeune. - Exact. Je suis devenue vampire deux ans avant ma majorité, pendant la plus grande guerre de ce siècle. Notre sœur, elle, est née vampire 66 ans après que notre mère m’ait accueillie. - Sœur ? Mère ? J’ai encore un peu de mal avec la famille, tu dois te douter… - Evelynn, notre sœur, enfin demi-sœur, est celle qui t’a sauvé et t’a introduit dans la famille. Elle est bien plus jeune que moi, mais également bien plus âgée que toi. - C’est à dire ? - Elle approche des 141 ans, dans trois mois et quelques jours. Notre mère, Jeanne de Gabriac, est morte il y’a 59 ans. - Morte ? Les vampires sont immortels, non ? - Une violence suffisante peut nous tuer. » Le ton de Marylynn fut bien plus grave sur cette dernière réplique, et le silence s’imposa quelques secondes. Désireuse d’en savoir plus et de connaître mieux sa nouvelle « famille », Mirranda relança la conversation. « C’est elle que j’ai vu le plus souvent dans toutes ces visions chaotiques. - C’est fort possible oui, comme elle est la mère d’Evelynn et que celle-ci a fait de toi sa sœur. - Je me pose une autre question quant à toutes ces images. - Je t’écoute. - Si je comprend bien, toutes ces femmes que j’ai vu sont des vampires. Mais pourquoi n’y avait-il aucun homme ? - Les hommes ne peuvent pas devenir vampire, la morsure est mortelle pour eux. De même, une vampire ne peut donner naissance qu’à des filles. Nous somme une race féminine dépendante de l’humanité pour survivre et perdurer. - Et… si nous ne sommes pas humaines… d’où venons-nous ? - Ça, c’est le grand mystère de notre histoire. La première vampire, notre mère à toutes, est apparue pendant l’âge gothique entre la chute de l’Empire Romain et la Renaissance. Son nom est oubliée, et aucune ne sait comment elle devint vampire, si elle fit partie des hommes, ou quelles sont ses origines. Notre mémoire commune commence avec elle, très incomplète, et ne se précise que quelques siècles plus tard. » Ce fut la première fois que la tueuse à gage entendait ces noms, mais ceux-ci évoquaient en elle des dates floues et des époques révolues appartenant à un passé lointain. La vieille vampire, qui paraissait sereine et calme jusqu’à ce moment, cessa soudainement de parler histoire et fixa le mur face à elle. Un grand tableau représentant une sorte de château aux alentours forestiers y était fixé, mais il ne semblait pas être la source d’attention. Marylynn paraissait regarder une chose qu’elle seule voyait, comme perdue dans ses pensées. Puis, après avoir passé quelques secondes ainsi, elle se releva et se tourna vers son hôte avec un petit sourire avant d’annoncer de sa voix enfantine : « Evy vient de rentrer. Je suis sûre qu’elle sera heureuse de te voir enfin éveillée, allons la recevoir, entendu ? » Mirranda répondit par l’affirmative d’une voix calme. Etant donné que Marylynn faisait partie des deux figures qu’elle vit précisément dans ses visions, Evelynn devait être la seconde. Elle connaissait donc l’apparence de celle qui l’avait faite vampire, mais elle ne savait rien d’autre d’elle. Une certaine curiosité l’étreignait. Tout ce qu’elle apprenait et tout ce qu’elle ressentait actuellement voilait totalement les autres préoccupations qui animèrent son esprit quelques temps plus tôt, le fait de se trouver dans une maison et un lieu inconnu y compris. Guidée par la maîtresse des lieux, elles quittèrent la chambre et traversèrent un long couloir aux lueurs flamboyantes, éclairé par des chandeliers fixés aux murs. Il faisait très chaud, mais c’était une chaleur agréable et non oppressante. Un escalier terminait le couloir et menait au hall d’entrée, un étage plus bas. Ce dernier était magnifique. De taille respectable sans être immense, la pièce impressionnait. Deux escaliers de bois sculpté faisaient face à la titanesque porte d’ébène. Entre eux deux tombait une grande bannière blanche suspendue au plafond et contre le mur, présentant à ceux qui entraient dans la demeure les armoiries de la famille Gabriac peintes en noir, gris et rouge : Une épée longue et stylisée devant une demi-lune imprimée sur un bouclier rouge. Des symboles qui dataient de plusieurs siècles, bien avant la naissance de Jeanne de Gabriac. La lumière mouvante des bougies donnait à la salle une atmosphère particulière, offrant et retirant un éclairage fugace au plancher lustré qui renvoyait cette clarté vers le plafond et ses lustres dorés. Le hall n’égalait pas la chambre où elle se réveilla en terme d’élégance et de splendeur, mais restait un des plus beaux endroits que Mirranda eu jamais vu. La grande porte s’ouvrit dans un grincement alors que le duo descendait la dernière marche. La nuit se dévoila à l’extérieur, silencieuse, et l’arrivante pénétra dans le hall en refermant le battant qui devait faire deux fois sa taille. Evelynn était l’exact opposé visuel de sa demi-sœur. Quand Marylynn respirait le classicisme et le raffiné de par sa tenue, celle d’Evy semblait plus moderne et plus… originale. Sous un grand manteau de cuir, la femme portait un corset bordeaux aux reliures noires qui mettait en valeur ses formes prononcées et son teint blafard et luisant. Un pantalon moulant, de mêmes matière et couleur, recouvrait ses jambes parfaitement dessinée, lui même sous d’impressionnante bottes noires montantes jusqu’aux genoux, serrée par plusieurs lanières et attaches de métal, en supplément au laçage et à la fermeture éclair sur le côté, et aux semelles cloutées. Mirranda ne put distinguer précisément le buste de sa nouvelle sœur que lorsque celle-ci s’approcha d’elle, un grand sourire aux lèvres. Elle notait déjà toutefois que son style vestimentaire était visiblement proche du siens. Sous des mèches pourpres tombant d’une chevelure noire scintillaient deux yeux rouges, comme ceux que tout les vampires de naissance ont. Si le visage de Marylynn était éblouissant de beauté, celui d’Evelynn était frappant de perfection. Ses traits exquis s’ajoutaient à la forme idéale de son faciès et il semblait que ses lèvres sensuelles, son nez aquilin et ses yeux somptueux eurent été agencé dans la meilleure disposition possible sur une peau douce et lisse. Un peintre aurait réussi à retranscrire sans défaut un pareil portrait que son œuvre aurait été considérée comme l’allégorie de la beauté parfaite. Il paraissait cependant impossible de reproduire fidèlement un tel degré de magnificence. Visiblement amusée du fait d’être ainsi dévisagée, l’intéressée se permit un clin d’œil mystérieux avant de s’adresser à Mirranda. Sa voix sonnait moins mélodique que celle de Marylynn, mais plus mature, plus sensuelle. « J’espère que Mary n’a pas été trop ennuyante avec toi, ma chère petite rose. » Ce surnom attira plus l’attention de la jeune femme que la phrase en soit. Elle avait déjà été nommée ainsi, alors qu’elle gisait inconsciente dans la rue, le soir où elle faillit mourir. La vampire qui se tenait devant elle se révélait être celle qui lui avait sauvé la vie. Di’Stephano lui renvoya un sourire radieux et répondit de sa voix claire, sur un ton presque enjoué. « Oh, non, elle m’a appris des choses bien intéressantes. - Tant mieux, tu connais ta situation comme ça et c’est pas plus mal. Comment te sens-tu après une journée entière de repos ? - Un peu patraque en fait… Mais ça va mieux qu’hier en tout cas. - Ton corps s’adapte aux quelques changements qu’il a du subir, ça sera sûrement terminé demain de toutes ces migraines et raideurs. On pourra alors retourner dans la cité pour récupérer quelques affaires… - Je suppose que je vais devoir abandonner mon appartement, si je comprend bien. - Avec la milice qui te recherche activement, en effet. Tu comprend vite on dirait. - Me recherche ? Marylynn, bien plus petite que sa sœur en taille répondit avant celle-ci, sur un ton ferme mais se voulant calme et agréable. - Nous reparlerons de cela demain si tu veux bien, Mirranda. Pour l’heure, il vaut mieux retourner se coucher et reprendre des forces. - Entendu, mais je pense que j’aurais du mal à dormir avec tout ce qui va tourner dans ma tête… » Sa plus grande sœur lui indiqua qu’elle pouvait dormir dans la chambre où elle s’était réveillée, et que celle-ci lui appartiendrait à partir de maintenant. Tandis que la vampire prenait un autre escalier, après avoir échangé un regard silencieux à Evelynn, cette dernière accompagnait sa « rose » jusqu’à sa couche. « Je suis contente de te voir en bonne santé si rapidement, et encore plus heureuse que tu fasses partie de la famille désormais. - Et bien euh… moi de même. J’ai évité la mort et suis devenue semi-immortelle, je peux m’estimer heureuse. - Être vampire n’a pas que des avantages, tu sais, et je t’apprendrais à t’accommoder de nos défauts. En attendant, repose toi ma douce. » La femme souriaient étrangement et ses yeux reflétaient de la malice alors qu’elle ouvrait la porte de la chambre et invitait sa nouvelle propriétaire à y entrer. Avant d’être seule dans la luxueuse pièce, Mirranda reconnu des odeurs de sang et de brûlé sur les vêtements de la fille de Gabriac. Des données qui titillaient l’instinct qu’elle s’était forgée dans la rue et dans son métier. Aussi, discrètement, la tueuse quitta sa chambre et entreprit de retourner dans le hall et d’emprunter le second escalier que Marylynn avait gravit. Il ne faisait aucun doute qu’Evelynn l’avait rejoint. Mirranda reprenait enfin conscience qu’elle se trouvait en un lieu inconnu, avec deux créatures sur-humaines et sans repères. De plus, ces odeurs qu’elle avait distinctement senties l’intriguaient. Désireuse d’éclaircir la situation, elle traversa donc le couloir sombre, remarquant deux autres portes, et descendit l’escalier reliant sa chambre à l’entrée de la demeure. Le silence lui pesait, aussi pressât-elle le pas jusqu’à atteindre le second escalier du hall. Celui-ci menait à un autre couloir, dans l’autre aile du premier étage et jusqu’à une porte entrouverte qui, de ce que Mirranda en vit, donnait sur un salon et d’où émanaient des voix. La jeune vampire reconnu sans peine la voix de celle qui l’accueillit au réveil et qui questionnait sa cadette. « Comment est-ce que ça s’est passé ce soir ? - Ils ont envoyé une vague d’assaut sur la position sept. J’ai minimisé les pertes de notre côté, mais je n’ai pas pu les repousser toute seule. On a été forcé de se replier, et ils ont brûlé l’avant-poste. J’ai fait explosé les charges avant de m’en aller, pour brouiller les pistes et envoyer quelques uns de ces chiens dans la tombe. - Ils se rapprochent de plus en plus de QG à mesure qu’ils détruisent nos camps. - Il va falloir tenir plus efficacement si on veut les empêcher d’attaquer Liberty. - Tu sais bien que les effectifs et le matériel nous font défaut. - Je sais oui. Le général Verhanberg prévoit une attaque sur leur tête de pont pour les secouer un peu. - Je suppose qu’il t’a demandé d’y participer. - Evidemment. - Quand ? - Dans trois jours. » Par soucis de discrétion, Mirranda n’en écouta pas plus et préféra se replier vers ses quartiers. Elle en avait assez entendu pour poser quelques réflexions quant à la situation, et elle ne voulait pas faire mauvaise impression sur ses deux nouvelles connaissances. Effectuant le voyage inverse pour retourner dans le hall et reprenant le même chemin pour la quatrième fois, elle arriva finalement devant la porte de sa chambre, laquelle était non loin d’un escalier montant probablement à l’étage suivant. Bien que tentée par une exploration plus poussée des lieux, elle se résigna à suivre le conseil qu’on lui avait prodigué. Entrant à nouveau dans la splendide chambre, elle se dirigea vers la grande fenêtre qui donnait sur les ténèbres, longeant la table de marbre. La lune avait perdu une partie de son disque et dispensait sa lumière argentée sur la nuit. Des arbres sombres se dressaient vers le ciel étoilé et parsemaient la colline qui descendait en une longue pente vers un amas d’ombres et de lumières qui semblaient animées. Plissant les yeux, la nouvelle vampire réussit à porter sa vision jusqu’à ce point de l’environnement, pourtant à plusieurs centaines de mètres, et à y voir presque clairement. Elle percevait des hommes et des femmes, des tentes de diverses tailles au milieu de bâtiments en ruines, des caisses par dizaines, des camions, beaucoup d’activité. Elle distingua également, parmi tous ces mouvements et ces lumières, des véhicules militaires et des armes. Et, visiblement, ceux-ci n’appartenaient pas à la milice. Peint grossièrement à la bombe de peinture sur un mur à mis chemin de l’écroulement, elle put lire « Liberty ». Après un effort de concentration, elle put voir un peu plus loin, au travers des fenêtres d’un bâtiment, des femmes et des enfants qui dormaient dans des sacs de couchage, à même le sol. Ayant fait le tour de ce qu’elle pouvait voir depuis sa position, elle se retira de son observatoire et fit quelques pas vers la couche. Portant la main sur sa poitrine, elle remarqua avec stupéfaction qu’elle ne portait qu’une fine nuisette et qui ne descendait que jusqu’à mi-cuisse. Face à ses deux hôtes, elle avait dû paraître ridicule ainsi peu vêtue. Elle se dit également que John aurait apprécié un tel accoutrement. Cette remarque créa alors une vague d’inquiétude en elle. Arrêtée et emmenée par un groupe de miliciens, disparue de la cité en laissant une trace des plus macabre, Fox se retrouvait sans nouvelles d’elle. De plus, comme elle avait tué trois hommes et s’était enfuie, il avait sûrement été lui aussi arrêté, puis questionné, probablement battu lors d’un de ces interrogatoires réputés plein de subtilité, et enfermé. Il était peut-être blessé, assurément seul et inquiet. Mirranda se rappela qu’Evelynn avait parlé de retourner dans la cité le lendemain, elle en profiterait pour s’assurer de la situation de Fox et pour l’emmener avec elle si elle le pouvait. Désormais recherchée par la milice, comme elle venait de l’apprendre, la position de John devenait tendue et difficile. Il avait beau être sergent, il n’en était pas moins le petit-ami d’une criminelle en cavale, pour qui le meurtre et la fuite s’ajoutaient au délit mineur qu’était la violation de couvre-feu. Une larme perla sous son œil à la pensée que son amour se trouvait sûrement en mauvaise posture, à cause d’elle et du fait qu’elle ne parvint pas à se contrôler lorsqu’on voulu l’emmener au poste de la milice. Elle comprit sur le moment que sa folie meurtrière prit certainement origine de sa transformation en vampire. Inquiète pour l’élu de son cœur, effrayée par ce qu’elle avait fait et dont elle ne se souvenait que maintenant, Mirranda s’écroula lourdement sur le lit qui lui appartenait désormais. Elle se glissa sous la couverture rouge, se demandant ce qu’elle était devenue et quelles en seraient les conséquences. Elle se questionnait également sur Liberty, cet étrange camp armé, sur ces histoires d’assaut et d’attaque dont Evelynn avait parlé. Elle s’interrogeait sur ces vampires, ses sœurs de race et sur cette maison qui lui ouvrait les bras. « Où suis-je, et que ce passe t’il ici ? » Elle s’endormit sur cette dernière question, ne trouvant la réponse. Dans son sommeil, elle vit la mère d’Evy et de Mary qui lui tendait les bras. Elle la vit mourir, transpercée par une épée que tenait une silhouette svelte et indistincte, une profonde tristesse imprimée dans son beau visage. |
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| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses Mar 20 Oct - 22:44 | |
| Chapitre 5
La jeune vampire se réveilla lentement, titillée par les rayons de lumière qui traversaient la fenêtre et entraient dans sa chambre, mais aussi sous le joug d’un besoin impérieux et vital. Sur la table de marbre à côté du lit, elle retrouva avec un certain plaisir la bouteille de sang, dont elle salivait déjà. En s’approchant, Mirranda entra bientôt dans l’angle de la fenêtre qui permettait à la lueur du soleil de la frapper de plein fouet. Soudainement prise de malaise, elle posa ses mains sur la table basse en se penchant, transie de chaleur. Il lui sembla que le jour était la cause de cette douleur, aussi se réfugia t’elle dans la zone sombre de la pièce non sans un effort et alla fermer les rideaux d’un rouge grenat. Il lui fallu bien la moitié d’une minute pour retrouver son état normal, ce qui l’inquiétait assez. Mais il y avait plus urgent. Après l’avoir débouché, la tueuse versa le contenu de la bouteille dans un des verres posés à côté et le bu rapidement. Il n’y avait rien à redire, le sang lui était littéralement délicieux. Energisant, fortifiant. Il lui semblait même que celui-ci lui offrait les plaisirs de l’ivresse, sans les effets négatifs de l’alcool. Elle lui trouvait également un vague goût sucré, par rapport au sien qu’elle avait parfois goûté en appliquant sa salive sur une plaie, et sa tiédeur n’affectait en rien ce nectar si plaisant. Si ce n’était d’autres préoccupations, Di’Stephano aurait pu passer tout son temps à boire lentement la bouteille, à sentir glisser sur ses lèvres, couler dans sa gorge cette boisson fascinante et obsédante. Elle délaissa cet élixir après l’avoir refermé, remarquant une pile de vêtements laissé dans un fauteuil capitonné. Ceux ci n’étaient pas présent la veille, ce qui laissa supposer qu’une de ses nouvelles sœurs passa dans la nuit. Cette constatation la dérangeait assez, elle de nature prudente, suspicieuse, d’avoir ainsi été à la merci d’une de ces deux femmes pendant son sommeil. Mais, faute de repères et seule, il valait mieux leur faire confiance pour s’en sortir. D’autant qu’Evelynn lui apportait une opportunité d’apprendre la situation de John et peut-être d’y remédier. Sur le cuir du siège, elle reconnu facilement l’ensemble qu’elle portait, en sortant de chez elle ce soir là. Il avait visiblement été nettoyé des taches de sang aussi nombreuses que grandes, et recousu là où une balle avait perforé le tissu. Mirranda retira promptement la nuisette qu’elle portait, se retrouvant nue, et constata que son épaule droite ne présentait aucune trace du tir qu’elle avait encaissé à bout portant. Stupéfiant. Pratique. Toutefois, la cicatrice qui brillait sur son sein demeurait toujours présente. La jeune femme saisit ensuite la culotte blanche brodée et la fit glisser sur sa peau sans trop tarder, pressée de retourner dans la cité. Elle eu à peine le temps d’enfiler une paire de chaussettes et le pantalon de cuir, épousant parfaitement ses courbes, puis d’agrafer son soutien gorge d’un blanc soyeux qu’elle entendit quelqu'un toquer à la porte de bois. D’un pas régulier et d’un air assuré, bien qu’ayant toujours un fond de méfiance tapis dans son esprit, elle alla ouvrir. Evelynn se dressait face à elle, mains dans le dos, un sourire carnassier aux lèvres. La tueuse à gages ne s’était pas attardée sur ce détail précédemment, trop troublée, elle remarqua finalement les canines proéminentes et pointues qui donnait à ce sourire un air de prédateur. Son aînée portait une tenue semblable à la veille, dont l’élément le plus frappant était un bustier travaillé de couleur amarante, dévoilant une bonne partie de son buste sans pour autant être vulgaire. De plus, elle portait un étrange bijoux facial, qu'on eu cru collé à son visage, une sorte de petite structure dorée qui formait un triangle vide sur sa joue gauche, serti d'un joyaux rouge à chaque angle. Ainsi, on pouvait voir sa peau au travers, au teint blanc et pur relevé par l'or de l'ornement. La vampire éblouissait de splendeur et de sensualité, comme entourée d’un charme surnaturel. Ayant encore une fois coupé son interlocutrice dans sa lancée, Evelynn prit finalement la parole la première. « Bonjour ma douce. Bien dormi ? - Hum, à peu près oui. Quelques cauchemars, visiblement d’un passé qui ne m’appartient pas. - C’est normal, pour le moment. Ces souvenirs cesseront rapidement de surgir par eux mêmes. Je peux entrer ? - Oui, vas-y. » Légèrement plus grande, Evy dépassa sa rose non sans l’observer du coin de l’œil et s’assied sur la table, jetant un regard à la bouteille alors que son hôte se paraît de la chemise noire qu’on lui avait rendu. Comme à son habitude, Mirranda laissa quelques boutons du haut ouverts et finit par remettre un peu d’ordre dans sa chevelure, sans grand succès. « De la jeune fille de 15 ans, une très bonne cuvée, sucrée et de plusieurs années… » Le commentaire indisposa intérieurement la tueuse, qui n’en montra rien. Bien que son gagne-pain consiste à donner la mort, l’idée qu’une adolescente eut été vidée de son sang pour qu’il soit mis en bouteille l’horrifiait et la répugnait. Cependant, elle ne pouvait nier l’onctuosité du breuvage… Visiblement amusée de voir sa protégée tentant de se coiffer au jugé, la cadette de Gabriac se releva et passa derrière Mirranda pour passer ses mains entre ses mèches rouges afin de les lisser. Sans brosse ni peigne, la créature surhumaine se débrouillait admirablement. Se laissant faire docilement, Di’Stephano relança la conversation. « Quand partons nous pour la cité ? - Tu as si hâte que ça de retrouver ce lieu malsain ? - J’aimerais… - John, je sais. » Mirranda se demanda comment sa nouvelle sœur pouvait bien être au courant, mais conclu rapidement que ce devait être « normal », encore une histoire avec le lien qui les unissait. Des sentiments forts que ses sœurs pourraient ressentir de concert. L’autre hypothèse, selon laquelle Evelynn pourrait lire dans ses pensés et dans son cœur la fit rougir, mais accentua surtout sa méfiance et, de fait, l’air détendu qu’elle arborait. Après tout, la race des vampires était capable de bien des choses. « J’aimerais m’assurer qu’il va bien. - On verra ça une fois sur place, entendu ? - Merci. Que faisons nous d’autre ? - Récupérer quelques affaires. J’ai un fier trio de malles dans le hall qui n’attendent qu’à être remplies. - Un paquet de fringues, de l’équipement, hum… Mais attend voir. - Quelque chose ne va pas ? - Ce n’est pas un peu risqué de se balader au milieu des patrouilles, avec des bagages assez suspectes si on considère le fait que je suis recherchée pour meurtre de miliciens ? - On ne croisera aucun de ces gorilles si on fait attention, ça ne sera pas difficile. D’autant qu’au moindre problème, on peut filer en un clin d’œil ! - J’te crois. » Mirranda, enfin présentable, attrapa sa veste et la mit sur ses épaules, puis adressa un sourire de remerciement à son hôte. Cette dernière le lui rendit, bien que ce fut un sourire bien plus aimant qu’aimable. Plus de sympathie que de politesse, sûrement. « Je suis prête. - Dans ce cas, allons-y ! » Il ne leur fallut que peu de temps pour descendre dans le hall d'entrée, dont la magnificence se révélait décuplée au levé du jour. La lumière de l'aube, bien que douloureuse, donnait à la pièce un éclairage captivant, tamisée par les immenses vitres de la façade qui la dispensaient sur les murs, le plancher et l'étendard immaculé. Tout un jeu de clarté qui aurait subjugué n'importe qui. Toutefois, là n'était pas la préoccupation des deux somptueuses créatures. Evelynn souleva deux des trois imposantes malles et indiqua à sa sœur de prendre la troisième, puis ouvrit la grande porte d'un coup de pied impressionnant, étant donné les dimensions des bâtant d'ébène. Alors que la lueur du jour s'infiltrait par l'entrée, elle ne put réprimer une petite grimace, alors que la nouvelle vampire du porter son bras devant elle tant le soleil l'éblouissait. Marcher ainsi lui fut très pénible, mais le trajet fut de courte durée. Descendant la colline où siégeait la maison, tendant plus vers le petit manoir de par son apparence, le duo arriva devant un véhicule que Di'Stephano n'avait jamais vu entre les murs de la cité. Bien plus petit qu'une automitrailleuse de la milice, mais plus massif qu'une voiture standard. L'absence de toit et l'arrière, ouvert avec deux bancs et plusieurs caisses, caractérisaient ce qui s'appelait, d'après les souvenirs évoqués à sa vue, une « jeep » ou quelque chose du genre. Mirranda se souvenait également que cette chose appartenait au monde de la guerre. Sur la coque, on pouvait lire « Liberty-A2-NewRoad », probablement l'affiliation et le modèle du véhicule. Le rapprochement entre la jeep et le mystérieux camp aperçu cette nuit fut vite fait. Toutefois, la chaleur et la lumière empêchait la tueuse de réfléchir correctement. Imitant son aînée, elle déposa la valise à l'arrière et monta à la place du passager, se cachant le visage de ses deux mains. Un véritable calvaire, à proprement parler. Mais il lui fallait supporter cela pour retrouver John. Un petit coup sur la tête lui intima de porter son attention sur la fille de Gabriac, qui lui tendait une paire de lunettes teintées. « Le temps que tu t'y habitues. Avec ça, ça t'agressera déjà moins la rétine, et ton mal de crâne sera moins douloureux. - Merci. » La jeune femme saisit l'accessoire et le posa sur son nez, assombrissant l'environnement qu'elle voyait. Comme Evelynn l'avait dit, ce fut rapidement moins désagréable et Mirranda pu relever les yeux vers ce qui l'entourait. Une foret de conifères cerclait la bute et s'étendait à perte de vue, coupée cependant par un sentier qui débutait à la lisière du bois et continuait en pente jusqu'au camp. Route sur laquelle la jeep s'engagea quelques secondes plus tard. Son moteur faisait un bruit inquiétant, mais ceci ne semblait pas troubler la conductrice. L'ombre dispensée par les arbres détendit légèrement la nouvelle vampire, alors désireuse d'en savoir un peu plus. « Evelynn… - Appèle moi Evy, on est entre sœurs. - Entendu. J’me demandais, le soleil ne te brûle pas toi ? - Oh, si. Mais je m’y suis habituée. Au bout de quelques temps, tu n’en souffriras plus autant. Toujours un peu, certes, mais ça ira mieux. Et puis, à force de boire du sang, ton corps sera de plus en plus fort. - Tu sais, je suis un peu réticente à cette idée… bien que je trouve cela délicieux, je l’avoue. - Ca… je n’ai jamais eu de problème avec notre hémophagie, je suis née avec. Toutefois, tu remarqueras vite que boire du sang est vital pour nous. Même si ça te dégoûte. - Je peux toujours choisir le sang que je boirais. - En effet. » La jeep avait à présent quitté le sentier du bois et roulait à vive allure sur l’herbe fraîche d’une plaine qui longeait un horizon bien particulier. A l’est, Mirranda pouvait observer une grande ville en ruine, des immeubles ravagés, un paysage désolé. Toutes les structures semblaient très anciennes et avoir subit les pires traitements, à quelques exceptions près. Tout semblait inanimé, délaissé, silencieux, emprunt de solitude et de désespoir tant la ville paraissait misérable et dévastée. Au milieu de toute cette désolation se dressait des bâtisses de fortune, des tantes, des camions et autres, une multitude d’hommes et de femmes en activité. Un élan de vie frappant et puissant là où tout reflétait la mort et la destruction. La jeune femme se rappela le camp qu’elle vit la veille et redécouvrait sous ses yeux à mesure qu'elle le longeait. Liberty. « Evy ? - Hum ? - J'aurais une autre question. - Je t'écoute. - Liberty, qu'est-ce que c'est au juste ? - Dis moi, est-ce que tu aimes la milice, le gouvernement de Reeves, la dictature qu'il impose à une population trop aveugle pour s'en rendre compte ? - Je dois dire que je n'y adhère pas vraiment. - Liberty, vois-tu, c'est tout un mouvement, tout une communauté, et tout une cause. Il y'a 15 ans, une partie de la population se soulevait contre la milice, quittait la cité et prenait les armes pour ses idéaux. Au départ, la rébellion disposait de beaucoup de ressources, et de membres encore infiltrés dans le gouvernement. Depuis, ces chiens ont mené une grande purge et une guerre incessante contre ces hommes et ces femmes, allant de massacre en boucherie pour « rétablir l'ordre ». Désormais, tout ce qui en reste, c'est ce que tu peux voir à ta droite. Une centaine d'hommes et de femmes, des enfants, du matériel vétuste et dépassé, des ruines pour royaume. Les années et la chasse ont fait leur office, et Liberty n'est plus ce qu'elle fut. On peut résumer ça comme ça, et c'est assez pitoyable dans le fond. Nous ne tarderons pas à disparaître, et notre cause avec nous, toutefois, nous continuons le combat. - Nous ? - Oui. Mary et moi avons rejoint cette communauté il y'a deux ans. En échange de notre soutien dans la lutte, ils nous ont aidé à rebâtir une demeure pour notre famille, à partir des ruines d'un vieux manoir, et subviennent à nos... besoins. Un marché comme un autre. Nous, nous avons retrouvé une certaine vie qui nous faisait défaut, eux, ont obtenu deux alliées de poids qui ont su faire la différence. Le rapport de force s'équilibre un peu plus, bien que ma sœur et moi-même ne soyons pas suffisante à renverser le cours de cette guerre. - Une guerre... Je n'ai jamais entendu parler de cela entre les murs de la cité, ni de cette scission au sein de la population... - Ca... faut pas s'étonner. Le jour où la rébellion s'est dévoilée, après deux ans de gestation, une portion de la population civile et un bon cinquième de la milice ont rejeté l'autorité du gouvernement militaire. Par peur de voir son pouvoir déstabilisé, ce cher Alexander à envoyé son armée fidèle et disciplinée chasser les rebelles hors de son territoire le jour même. Par la suite, toute information, tout témoin, tout agent infiltré, toute rumeur s'est retrouvée muselée, enfermée, annihilée. Et on en a plus jamais parler. Comme si cela n'avait jamais eu lieu. Il ne faudrait pas que le reste des moutons quittent le troupeau. - Je vois... - Si le sujet te captive, tu pourras toujours en causer avec les « généraux » cet après-midi. Je dois aller faire un tour au camp principal, et tu pourra venir avec moi. » Mirranda ne donna aucune réponse, perdue dans ses pensées. Elle qui avait toujours eu horreur du gouvernement qu'elle subissait, elle découvrait aujourd'hui qu'il existait déjà un mouvement de rebelle assez ancien, organisé, engagé. Bien qu'il n'en restait pas grand chose, d'après ce qu'elle entendit. Tout au long du trajet, la jeune femme réfléchissait. Si sa jeunesse de gangster parvint à s'effacer au yeux des citoyens et des autorités de la cité, ce fut principalement grâce à la chance. Dans le cas présent, on la recherchait pour meurtre multiple. De miliciens, qui plus est. La cité avait beau être grande, certes, elle ne pourrait plus y vivre. Tout ce qu'elle pourrait sauvegarder de sa vie perdue au sein de ces murs tiendrait dans trois malles. Après quoi, son appartement sera très rapidement vidé sans qu'elle ne puisse tout emporter. Pour continuer à vivre, la seule issue possible était de rejoindre la rébellion. Ainsi, elle ne serait pas seule, et elle aurait un but. Car, à y penser, elle ne rejetait pas l'idée de combattre la dictature. Elle aimait se battre, autant que la liberté. Et puis, elle possédait désormais une famille, elle aussi engagée dans cette lutte. Des sœurs qui lui apprendront à vivre en tant que vampire. Oui, rallier le combat était sa seule option : vivre dans la cité devenait impossible, vivre seule serait de la folie. Quant à Fox... son avenir dans la milice et dans la cité se voyait également compromis. Par sa faute, pensait-elle. Ainsi, lui aussi devrait abandonner son ancienne vie, sous peine d'être emprisonné pour complicité et tué pour trahison. Elle tenterait de le convaincre quant elle le verrait ce matin, et il partirait avec elle. A trop penser, Di'Stephano n'avait pas vu le temps passer, ni le trajet. La jeep sortait à présent d'entre deux affleurement rocheux, en haut d'une des montagnes naines qu'on pouvait voir depuis les toits de la cité. En contrebas, elle pouvait voir ses murs blancs, illuminés et éblouissants sous le soleil matinal. Le ciel bleu azur, l'absence de nuages et le panorama donnait à ce paysage un côté fort charmant. Toutefois, l'heure n'était pas aux contemplations. Donnant un brusque coup d'accélérateur qui fit vociférer le moteur de façon très violente, Evelynn propulsa le véhicule dans la pente escarpée, suivant un sentier discret qui slalomait entre les arbres qui parsemaient le versant et les irrégularités du relief. La jeep vibrait et sautait constamment à cause des bosses et des creux du sol, secouée dans tout les sens. Cela ne semblait cependant pas gêner sa conductrice, qui arborait un sourire inquiétant, l'air presque amusée. La « chaussée » déformée propulsa le véhicule en l'air sur quelques mètres avant qu'il ne retombe bruyamment et difficilement, sous un rire terrifiant de son pilote. Mirranda, elle, s'inquiétait plus qu'elle ne riait de la situation. A dévaler si discrètement le flanc d'un des pics, toute la cité devrait être au courant de leur arrivée. Une nouvelle bosse la secoua une fois de plus et elle se cramponna à l'habitacle avec appréhension, espérant que la descente se finisse sous peu. La dégringolade continua quelques minutes, le temps de briser les amortisseurs vétustes de la jeep. Ceux-ci hors d'usage, le véhicule devint trop instable pour continuer ainsi et la conductrice écrasa le frein en tournant brusquement le volant pour le faire pivoter sur lui même. Il glissa encore sur une dizaine de mètres avant de s'immobiliser avec délicatesse contre un gros arbre à l'écorce sombre et couverte de rainures. Une averse de feuilles vertes chuta des branches qui émettaient un craquement sinistre et recouvrit l'épave. Celles-ci, dans leur chute lente et gracieuses, tamisaient par moments la lueur du soleil sur les deux vampires et donnait à cette scène le caractère d'un tableau, d'une peinture qui représenterait à la fois un grand nombre de choses... La beauté de la nature, elle même violée par les machines de la guerre, mais aussi deux créatures inhumaines qui luttaient pour l'humanité, pourtant somptueuses et pourtant si meurtrières. Tout un jeu de contrastes qui se lisait au delà de ce que l'œil pouvait percevoir. Assise sur le capot fumant, jambes croisées comme à son habitude, Evelynn réceptionna une des feuilles dans sa main et l'observa un temps, songeuse, pour la souffler enfin et la laisser reprendre son envol. L'air contrarié et les bras croisés, Mirranda quant à elle ne semblait pas apprécier la poésie du moment. L'impatience et l'agacement transparaissait dans sa voix. Non pas qu'elle fut irritable outre mesure, mais qu'il lui tardait de retrouver celui pour qui elle s'inquiétait tant. « Tu viens de tuer notre moyen de transport, contente ? - Hum... la dernière jeep que j'ai emprunté à Verhanberg avait tenu moins longtemps. » La jeune vampire laissa échapper un soupir, puis s'apprêta à reprendre la parole quand sa sœur la coupa avant même qu'elle eu le temps de prendre son inspiration. « Avant de ronchonner, sache que non, nous n'allons pas prendre de risque en marchant à découvert, non, nous n'allons pas perdre de temps et oui, je sais ce que je fais. » La fille de Gabriac termina sur un ton rieur et un clin d'œil, puis se redressa et se dirigea vers l'arrière de la jeep où, par miracle, se trouvait toujours les malles et autres caisses solidement sanglées. Si l'on pouvait tenter une comparaison de ce genre, on aurait pu assimiler la démarche harmonieuse de la vampire à la grâce d'un faucon dans le ciel : légère, assurée, charmante. Toutefois, ce charme apparent ne pouvait dissimuler l'image du rapace et éliminer la méfiance que cette femme inspirait. Tout en elle reflétait cette dualité opposant la majesté qu'elle affichait au malaise qu'elle dégageait. A l'arrière, Evy dessangla les trois malles ainsi qu'une caisse métallique qu'elle ouvrit en faisant sauter les clapets. Celle-ci contenait plusieurs armes. Di'Stephano réceptionna un long couteau qu'elle ficha dans sa rangers droite, puis un pistolet fort particulier et un holter qu'elle attacha à sa ceinture, caché sous la veste de cuir. Quelques chargeurs finirent dans ses poches. Le pistolet était bien plus courbé dans ses formes que les modèles de Reedemers propres à la milice et disposait d'un rail inférieur où était fixé un pointeur laser avec un interrupteur déporté près de la gâchette. Le chargeur, logé dans la crosse, dépassait légèrement et sa carrure, sa forme élancée et sa peinture noire lui donnait un air de prédateur. La vampire aux cheveux sombre s'équipa elle même de deux pistolets de classe Snake et de trois ou quatre chargeurs qu'elle fixa à sa ceinture, puis d'une épée courte qu'elle glissa dans le laçage de son corset, situé dans son dos. Celle-ci était totalement invisible sous le long et lourd manteau de la créature centenaire. Mirranda resta dubitative quand sa sœur referma la caisse désormais vide et saisit deux des grandes malles. « On va laisser le reste ici ? - Ça n'as pas d'importance. La New Road agonisait déjà quand j'ai été la chercher au camp principal. Quant aux autres caisses, elles sont vides. On en trouve partout de ces trucs, et faut bien les bazarder quelque part. - Je vois... par où allons nous donc, pour nous déplacer sans être repéré par les sentinelles de la milice ? - T'as pas peur du noir j'espère ? - Hum ? - L'entrée d'un de nos tunnels dissimulés n'est plus très loin, on en ressortira dans les égouts de la cité. - Charmant. » La jeune vampire souleva la dernière malle et reprit la marche, dirigée par son ainée qui murmurait un vieil air, issu d'une chanson oubliée, de sa voix mélodieuse. Le soleil qui l'éclairait lui donnait un effet de contre-jour aux yeux de la tueuse à gages, elle même jouant avec les ombres dispensées par les grands arbres pour éviter une trop longue et trop directe exposition à la lumière. Ses pensées accompagnaient son amant, et elle se demandait également s'il était finalement bien raisonnable de retourner dans la cité si tôt. A vrai dire, il lui faudrait sûrement se hâter pour sauver Fox des mésaventures qui l'attendaient. Quitte à prendre des risques. Bien qu'elle ne le sache pas, ses sentiments d'inquiétude, de méfiance et d'admiration pulsaient de son esprit et faisaient vibrer le puissant lien psychique qui la reliait à Evelynn. Cette dernière percevait ces remous, ressentait ces émotions en parallèle et à l'insu de la concernée. Un petit sourire se dessina au coin de ses lèvres. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses Mar 20 Oct - 22:46 | |
| Chapitre 6 Le trajet à pied ne fut guère long et cela était tant mieux. Un peu d'obscurité ne ferait pas de mal. L'objectif se voyait totalement invisible pour quelqu'un qui ne connaissait pas son existence, et la tueuse à gages ne le remarqua que lorsque sa sœur le dévoila. Celle-ci se dirigeait vers un grand arbre, d'apparence très ancienne et de stature imposante. Arrivée au niveau de ses racines qui dépassaient du sol et formaient un entrelacement de bois et de nœuds, elle se pencha pour passer ses mains à l'intérieur et y chercher un boitier à demi recouvert de terre. A la pression du bouton qui la commandait, une trappe dissimulée non loin se déverrouilla dans un déclic caractéristique et devint alors évidente dans le décors. L'entrée du tunnel se trouvait sous une généreuse couche d'herbe qui ne la cachait plus une fois entrouverte. Mirranda glissa sa main dans l'ouverture et força pour relever la plaque qui grinçait tant le manque d'entretien là faisait souffrir. Là, une échelle s'engouffrait vers des profondeurs obscures dans un conduit assez étroit. Peu engageant. Evelynn, désormais devant l'entrée, montrait quant à elle un visage complètement détendu. « Passe devant ma douce, j'referme derrière nous. T'inquète pas, le noir n'en sera que plus clair. » La nouvelle vampire ne comprit pas tout de suite, mais se résigna à descendre. Le métal froid des barreaux lui glaçait les mains, mais peu lui importait. Au dessus d'elle, la cadette de Gabriac refermait le tunnel en tirant sur une poignée de la trappe, supprimant toute lumière dans le conduit. Et, comme elle l'avait dit, tout fut clair. L'obscurité n'était en rien handicapante, et bien que sa vision ne fut qu'en teintes de gris, Di'Stephano voyait parfaitement son environnement. A mesure qu'elle expliquait, Evy tapota les touches d'une petite console intégrée au mur métallique et revérrouilla l'accès. « Tu remarqueras vite que les ténèbres sont notre élément. Réconfortantes après une exposition aux rayons du soleil, elles ne voilent absolument pas notre vue. C'est un des nombreux avantages dont dispose notre race par rapport aux humains. - Tu dis ça comme si tu en étais fière. - Etant vampire de naissance, notre supériorité n'est pas à démontrer pour moi. L'homme est bien inférieur, et oui, on peut dire que je suis fière de cet état de fait, de ce que je suis. » La jeune vampire n'accepta pas vraiment cette réponse, mais ne dit rien. Même si elle avait perdue son humanité, elle ne disposait pas du même détachement qui permettait de rabaisser à ce point l'espèce dont elle avait fait partie et qui comptait l'être qu'elle aimait. L'idée que sa nouvelle sœur puisse ainsi dénigrer le genre humain rabaissait un peu l'estime qu'elle lui portait. Elle supposa toutefois que la remarque se basait plutôt sur un avis objectif, ce qui la rassurait un peu. Le duo s'enfonça ainsi sous la surface pendant quelques minutes jusqu'à ce que Mirranda ne touche le fond. Le conduit partait maintenant à l'horizontale et se trouvait moins exigüe, mais restait de forme cylindrique et vide de tout détails. « Nous rejoindrons bientôt un tunnel de maintenance isolé du réseau souterrain de la cité, qui permettra de nous y infiltrer en toute discrétion. Il est sensé être fermé, mais ils n'ont pas pris la peine de le condamner complètement. - Pourquoi ont-ils abandonné cette section là ? - Une des conduites évacuant le gaz des générateurs principaux qui alimentent les blocs d'habitation en énergie passe par cette section et a pété à cause d'une machine d'entretien défectueuse. Le gaz, plutôt instable et explosif, s'est rependu dans toute la section et y persiste, ce qui rend impossible tout travail dans cette zone. De fait, l'évacuation du gaz a été dérivée et cet endroit délaissé, en attendant que le danger s'estompe. - Et pendant ce temps, les rebelles profitent d'un raccourcis sure et discret en prenant bien garde de ne faire aucune étincelle. - C'est ça l'idée. - Opportuniste, mais ingénieux. » Utiliser les petits problèmes de la société contre la milice plaisait assez à la jeune femme. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses Mar 20 Oct - 22:49 | |
| Et voilà. A part l'annexe (enfin, l'index des objets, persos, lieux...) et un essai sur une scène bien plus tardive dans le scénar, je n'ai rien d'autre à vous proposer quant à Black Roses... Motivation, reviens ici ! >.< Si vous avez des commentaires |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses Lun 16 Nov - 21:47 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses Mar 17 Nov - 23:08 | |
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| Sujet: Re: [Roman-En Pause] Black Roses | |
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| | | | [Roman-En Pause] Black Roses | |
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