[Nouvelle] Projet M.A.I.

Le temps nécessaire à parcourir la distance les séparant lui parut dérisoire. Quelques foulées, quelques secondes. Toute sa rage se déversa dans le coup qu’elle lui assena. Coup qui, à sa plus grande surprise, ne porta pas et se contenta de passer au travers du corps, troublant à peine l’image en trois dimensions. Quelques sursauts de l’image, un grésillement, rien d’autre.

« Ma pauvre petite, vous êtes décidément bien facile à piéger. J’avais espéré que votre intelligence se soit développée en même temps que vos autres facultés. »

Immobile, elle scruta nerveusement les alentours. Elle ne voyait rien de plus que cet hologramme qui la dévisageait avec condescendance. Sa fureur augmenta d’un cran.

« Une espérance vaine, après tout. L’augmentation des capacités cognitives ne faisait pas partie du projet. Cela aurait été pour le moins… contre-productif, à vrai dire. »
« Qu’avez-vous fait de moi !? »
« La nouvelle étape. Il a suffit d’un petit accident pour précipiter tout notre programme et défier toutes nos prévisions. Mais nous ne somme pas là pour parler de votre histoire. Il est l’heure de se rendormir, ma petite. »

Le son amplifié par l’acoustique du hall la secoua avant même qu’elle ne ressente le choc. L’impact la projeta au sol avec une violence inouïe, diffusant dans son épaule la chaleur d’un bûcher ardent et une souffrance insupportable. Un gémissement, puis un hurlement.

* Je dois tenir ! *

Elle se releva promptement, le feu dans les yeux, dressant vers l’hologramme un regard plein de sens.

« Surprenant. Abattez-la. »

Un second tir la prit pour cible. Toutefois, les choses ne se passèrent pas de la même façon. Bien plus alerte, elle put percevoir la balle arriver sur elle avant le choc et même sortir de sa trajectoire en plongeant sur le côté, derrière un amas de ruines recouvert de ronces. Relevant la tête suffisamment pour observer son environnement avec un peu plus d’attention, elle repéra une brèche dans un mur qui lui permettrait de sortir de cet endroit. Une trentaine de mètres à parcourir. Pas d’autre choix. Il fallait tenter. La douleur lui vrillait les muscles et floutait sa vision, mais elle se sentait capable de réussir. Elle devait réussir.

Il ne lui fallut que peu de temps pour prendre son courage à deux mains. Surgissant de son couvert, elle couru plus vite qu’elle n’avait jamais couru. Elle sentit une cartouche lui frôler la joue et la friction lui brûler la peau, mais elle continua. Encore quelques mètres…

« Nous nous reverrons, ma petite. Soyez en certaine. A vous de jouer, Jefferson. Vous savez qu’il compte sur nous. »

Le ciel bleu. L’herbe verte. La caresse de la brise. La couleur cuivrée du chemin de fer rouillée. Des couleurs et de l’espace. C’était… splendide. Cependant, s’arrêter pour profiter du décor était un luxe qu’elle ne pouvait pas se permettre. Il fallait fuir pour mieux revenir. Survivre. Elle n’arrêta sa course qu’après une dizaine de minutes, se découvrant une endurance déconcertante pour ce genre de sprint. Avaient défilé devant ses yeux verdure, arbres, route. Une route. Après une courte réflexion sur la question de la suivre ou pas, elle décida qu’elle n’irait nulle part dans repères et qu’il valait mieux courir le risque.

Elle se tenait désormais devant un panneau verdâtre qui indiquait « Golden Hill, 8 Miles ». Faute de mieux, autant se diriger vers la première ville. Aucun poursuivant en vue, ni quoi que ce soit d’autre mis à part les poteaux électriques. Un vide reposant.

* Bon. En marche. *

A allure régulière, elle suivit la route pendant quelques temps, sans se fatiguer, sans se presser. Avec le temps, une masse de nuages blancs prenait d’assaut la pureté du ciel bleu azur et l’air se rafraichit quelque peu. Un vent léger se leva. Sa caresse sur son visage était douce et rafraichissante. Le paysage quant à lui restait paisible. Vide. Silencieux. Reposant. Hum…

Elle n’entendit presque ronronner un moteur de voiture pendant son approche, et ne la remarqua qu’une fois celle-ci arrivée à sa hauteur. Une vieille Renault Alpine, bleue. Un modèle qu’elle reconnue immédiatement sans pourtant se souvenir en avoir déjà vue. Le véhicule s’arrêta quelques mètres plus loin, warning allumés. La portière côté conducteur s’ouvrit alors et un homme en sortit.

Grand. Bouclé. Mal rasé. En veste de cuir. Jamais vu. Même pas inquiétant. Il eut l’air surpris en voyant la piétonne et son accoutrement assez… particulier. Il faut dire qu’il n’est pas courant de croiser une femme en armes, armure et taches de sang. L’inconnu déglutit et s’approcha de la jeune femme.

« Est-ce que vous allez bien ? »
« Je… ça va. »
« Vous êtes la personne la plus curieuse que j’ai rencontrée depuis longtemps. Je vous dépose quelque part ? »
« Ca dépends, vous allez où ? »
« Golden Hill. J’ai bien besoin de boire un coup et de me remplir l’estomac. »
« Hum… d’accord. »

L’homme remonta dans l’auto et elle le rejoint en prenant la place du passager. La place du mort. Elle posa son fusil sur la banquette arrière, mais garda le revolver à la ceinture. Il ne fit aucun commentaire. Brave gars. Le moteur s’emballa dans un rugissement mécanique et la voiture reprit la route, écumant le bitume.

Héhé... Super =D

*attends la suite avec impatience*

Légèrement fatigué après tant d’années d’ancienneté, le moteur de la Renault pestait à chaque côte qu’il fallait gravir sur la route pour le moins vallonnée de Golden Hill. Un son qui, au moins, avait le mérite de rompre le silence, un acte qu’aucun des deux personnages à bords de l’automobile ne semblait prêt à faire. Toutefois, après une dizaine de minutes, la curiosité l’emporta.

« Excusez moi d’être indiscret, mais vous savez, ce n’est pas tout les jours qu’on rencontre une femme telle que vous. Vous vous appelez comment ? »

La question qu’elle redoutait. Aucune certitude, à vrai dire… Une inscription au marqueur sur une porte, et rien de plus.

« Maï. »
« C’est joli comme prénom. Vous pouvez m’appeler Kurt. Kurt Kelleway. »
« Enchantée. »
« Moi de même. »

Un semblant de conversation. Pacifique, qui plus est. Des mots échangés sans violence et sans intérêt particulier, sans qu’il soit question d’ordres ou de mort. Comme cela lui avait manqué… Elle ne s’en rendait compte que maintenant.

« Et… vous êtes de l’armée ? On voit pas souvent de pétoires se balader en plein air dans le coin. »
« Je suis en mission dans la région. Je n’ai pas le droit d’en parler. »
« Ah, je vois… ces conneries top-secrètes ou secret-défense… ce genre de trucs. »
« Ce genre de trucs oui. »
« Bah, de toute façon, je n’insisterais pas. La guerre, tout ça, c’est pas mon problème. Enfin, peut-être celui du fauteuil sur lequel vous êtes assis, vu votre état de propreté… »
« Je suis désolée. »
« C’pas bien grave. Mais vous avez descendu quoi pour en avoir autant sur vous ? Un bœuf ? »
« Ecoutez… »
« Ca va, ça va. Moins j’en sais, mieux j’me porte. »
« Merci. »

L’échange se termina ainsi. Elle se découvrit certaines prédispositions pour le mensonge, mais n’appréciait pas tellement non plus. Quant à lui, il ne posait pas plus de questions que permis. Belle éducation. Toutefois… elle se sentait mal à l’aise tout de même. Elle lui était redevable, mais ne se montrait pas très engageante. C’était le moins qu’elle puisse faire pour lui rendre la pareille.

« Vous êtes du coin ? »
« Pas vraiment. J’suis plutôt du Nevada. »
« Ah. »

Une main sur le volant, Kurt inséra un cd dans l’autoradio et pressa le bouton lecture. Clouds over California… Toute une symbolique. Un sourire se dessina sur son visage.

Le morceau de musique se termina alors qu’ils apercevaient enfin les abords de Golden Hill. La banlieue résidentielle ceinturait la petite ville tel un serpent l’enlaçant entre ses anneaux. Des centaines de maisons, toutes identiques, bâties sur le même modèle, avec la même boite aux lettres au bout d’un jardin similaire à tous les autres. Dans un sens, elle trouva cette rigueur architecturale appréciable… non… elle n’avait jamais rien vu d’aussi morne et ennuyeux.

* Je n’arrive même pas à être en accord avec moi-même… est-ce que je suis en train de devenir folle ? *

Les yeux tournés vers le ciel, elle soupira. Elle aurait voulu se reposer. La tête en arrière, sur le dossier du fauteuil, bercée par le relief. Se laisser aller à un moment, détendre son corps, laisser la douleur s’estomper, l’esprit abandonner toute ces questions et ces souffrances. Ne serait-ce que l’espace d’une sieste.

* Non… je ne sais même pas si je peux lui faire confiance… hum… je suis si fatiguée… *

Juste un peu de temps… Elle ne dormira que d’un œil, ce serait sûrement suffisant après tout. Ce serait suffisant. Et quand bien même… ce serait ça de pris. Elle se sentait trop épuisée pour continuer sans fermer les yeux un instant. Sa voix était faible et lasse…

« Nous y serons dans combien de temps ? »
« Hum… dans une dizaine de minutes, peut-être un quart d’heure. ‘Vaut mieux ne pas pousser l’Alpine trop fort ! Et encore, faut trouver une place où se garer… ‘Vaut mieux pas être pressée quoi… »
« Ah… je vais me reposer un peu… »
« Je vous réveille une fois au café. Leurs donuts et leurs expresso sont géniaux. »
« Hum… »

Tout devint noir. Le fauteuil lui semblait on ne peut plus confortable. Bientôt, le grognement du vieux moteur lui parut bien loin, et son esprit lui semblait flotter. Elle entendait, faiblement et de manière diffuse, bon nombre de voix qu’elle connaissait, mais dont elle ne parvenait pas à se souvenir concrètement. Des timbres familiers. Des voix désincarnées qui appartenaient à son passé.

Dans son état de demi-sommeil, le rêve s’installa, flou et indistinct. Elle percevait une pièce, éclairée par un grand néon au plafond, aux murs parsemés d’armoires verrouillées et d’étagères pleines de choses étiquetées. Elle ne put lire leur contenu malgré ses efforts, la cohérence du rêve semblant tressaillir lorsqu’elle s’en approchait. Une petite table au centre, encombrée d’une montagne de notes, de microscopes et de cd. Un ordinateur, dans le coin, relié à des machines. Elle s’approcha du bureau et saisit le cadre qui se tenait sur l’unité centrale. Le genre de cadre réalisé à l’école lorsqu’on est enfant. Un vieil homme aux cheveux grisonnants et en blouse blanche. Une petite fille aux cheveux bouclés. Leurs traits demeuraient impossibles à préciser, comme si la photo se trouvait derrière une vitre embuée. Lentement et malgré elle, la vision s’estompa… Elle se sentit secouée. Une voix. Kurt…

« Nous sommes arrivés Chez Mama. Un petit remontant vous ferait du bien. »

De nombreuses voitures et pick-up remplissaient le parking où elle se trouvait. Devant elle se dressait la façade du café ainsi que son enseigne, le « 412 ». Un nom original pour un bâtiment construit en série. Elle y entra calmement avec Kurt après avoir laissé dans la boite à gants de la Renault son revoler et caché le fusil sous la veste du jeune homme. Malgré l’armure et le sang, elle serait toujours plus présentable sans arme sur elle. A l’intérieur du café, rien d’exceptionnel ni de surprenant.

Une serveuse souriante qui portait des plats préparés à l’arrière aux clients assis dans des canapés le long des grandes vitres, ceux-ci buvant un café posé sur leur table ou lisant un journal en attendant, un barman discutant avec quelques habitués perchés sur des tabourets, un peu de musique country sortant d’un vieux jukebox entretenu avec soin. Trop… classique.

* Je ne suis jamais venue ici… alors pourquoi est-ce que j’ai l’impression de connaître cet endroit ? *

Quelques clients portèrent leur attention sur elle lorsqu’elle passa la double porte en activant une petite sonnette. L’air interrogateur. Elle se sentit immédiatement mal à l’aise, comme épiée et percée malgré la protection qu’elle portait. La curiosité des gens la blessa profondément, décuplant son sentiment de solitude et de perdition. Elle ne pourrait pas répondre franchement à qui lui demanderait qui elle est. Ni confirmer ou infirmer ce que les gens pourraient penser d’elle. Prise de vertiges, elle manqua de tomber à genoux pour fondre en larmes. Soutenue par Kurt, il l’amena s’assoir sur un des canapés rouges, sous les yeux inquisiteurs de la population locale. Toutefois, aucun ne dit tout haut ce qu’ils pensaient tout bas.

« Pattie, un café serré s’il te plait, et une bière pour moi. Deux plats du jour, aussi. »
« Tout de suite chéri. »

La serveuse adressa un clin d’œil au jeune homme et nota la commande sur son calepin d’une écriture rapide et presque illisible. La tête entre les mains, la jeune femme résista à l’envie de s’allonger sur la banquette. Kurt s’assied en face d’elle, silencieux, après avoir jeté sans qu’elle ne le remarque des regards noirs aux indiscrets. Où en serait-elle s’il ne l’avait pas ramassée sur le bord de la route ? Elle lui devait des excuses et devait lui accorder la confiance qu’il méritait. Il allait même lui offrir un café et un repas. Une attention presque banale qui, pourtant, la réchauffait intérieurement.

« Kurt… »
« Chut ! Tu parleras après avoir bu et mangé. »
« Merci… »
« Bah. »

Lentement mais sûrement, les vertiges se dissipaient, même si restait une douleur lancinante et insidieuse. Non loin, la double porte s’ouvrait à nouveau pour laisser entrer un policier en uniforme, casquette sur la tête et holster à la ceinture.

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Quatre petites affiches censées vous mettre l'eau à la bouche Wink

(Edit : les images apparaissent blanches, mais cliquez dessus pour les voir)

Pataud, l’officier de police quelque peu grassouillet s’avança dans le café en direction du comptoir, semblant ne pas avoir remarqué la présence de Kurt et de son étrange invitée. Il semblait évident que si son attention se portait sur eux, la tenue de la jeune femme ne manquerait pas de l’interloquer, voir même de l’affoler. Le surveillant du coin de l’œil, elle se demanda si elle pourrait supporter une altercation, probablement armée, et surtout se contrôler… Elle n’avait eu jusqu’ici aucune maîtrise sur ses… capacités, et elle ne voulait tuer aucun innocent. De la sueur commença à perler sur son front. Face à elle, Kurt paraissait tout aussi nerveux.

Pesant, le gardien de la loi s’assied sur un des tabourets disposés le long du bar, puis retira sa casquette et la posa à côté de lui. Sa voix sonna aussi grasse que sa silhouette l’était.

« Salut Pattie. Comment tu vas ? »
« Ca va comme ça viens Fred, ça va comme ça viens… »
« Mouais… c’est pas une vie… vivement que tout ça se termine. »
« Ca, on ne peut qu’attendre et voir ce que ça va donner. Je te sers la même chose que d’habitude ? »
« Oui, s’il te plait. »

La serveuse se retourna vers une machine à café assez vétuste et prépara rapidement un expresso mousseux et très odorant, à moins que ce ne soit les locaux tout entiers qui sentent autant la caféine. L’homme attrapa la tasse entre ses doigts boudinés et souffla sur la boisson chaude. A leur table, Kurt rompit soudainement le silence, à voix basse.

« Maï, il vaut mieux partir avant d’attirer les ennuis. »

Cette solution pourtant évidente la rendit fébrile. Il fallait qu’elle sorte de là. Qu’elle prenne l’air, qu’elle se calme. Elle avait pu sortir de ces couloirs sordides et ne supporterait pas d’être enfermée. Elle se leva naturellement, dans un mouvement fluide et silencieux.

* Tant pis pour le café et le repas… fais chier… *

Kurt fit de même, après avoir déposé l’addition sur la table, et laissa la femme prendre les devants pour éventuellement la cacher derrière lui. Ils passèrent tout deux derrière le policier sans encombre, suivis du regard par quelques clients à l’air blasés. Pattie, elle, discutait avec un jeune homme comme s’ils n’existaient pas, bien qu’elle les ait vus se lever sans avoir touché à leur commande. Peut-être avait elle échangé une œillade avec Kurt, mais elle ne pouvait en être sûre… L’adrénaline faisait battre son cœur en un roulement assourdissant. La sortie, à quelques mètres…

Une silhouette qui approche et qui pousse la porte vitrée et faisant tinter la cloche.

« Tiens, qu’est-ce qu’un foutu militaire viens foutre ici ? »

Tu t'arettes toujours au moment critique -_-' nyah!!!

L'art et la manière de frustrer le lecteur tout en le gardant en halène
J'écris la suite ce soir
Il était temps de reprendre du service

<SCENE13>

L’homme qui venait d’entrer, cigarette pendante, affola immédiatement la jeune femme. Quelque chose dans son expression, dans sa posture ou même dans son regards, de profondément inquiétant. Du genre à faire empirer toute situation, même la plus désespérée, et surtout les plus délicates. Comme celle-ci.

* Et merde ! *

Derrière eux, tous les clients du café observaient bien évidemment la scène, attirés par cette exclamation. Egalement interpelé, le gros policier examina rapidement la cause de toute cette agitation. Les sourcils froncés, il approcha discrètement sa main du holster fixé à sa ceinture.

« Un militaire sûrement mais… c’est pas un uniforme que je connaisse. »

De mal en pis. Dévisagée de tous, déshabillée du regard, assaillie de soupçons et d’interrogations, elle se sentit aussi oppressée que lorsque le canon d’une arme touchait son front. Un mensonge, vite.

« Force spéciale, mission top secrète. »

Lorsqu’on ment, rester sur la même idée est un impératif. A sa grande surprise, elle réussit néanmoins à paraître sûre d’elle, convaincante, même. Très grande surprise.

« Je ne fais que passer, vous n’avez pas besoin d’en savoir plus. »

Un léger tremblement.

« J’y crois quedal à ces conneries. On connait nos gars ici, et t’as pas l’air d’être une des leurs. »
« Je suis pas du coin. »
« En attendant, vous allez me suivre au poste pour tirer tout ça au clair. Je ne peux pas vous laisser courir nos rues en me fiant à vos simples dires. »

L’officier accompagna ses mots en descendant lourdement de son tabouret, une main dans le dos pour saisir sa paire de menottes, l’autre main sur son arme, par précaution. D’un ton presque paternel, il ajouta :

« Ne faîtes pas d’histoire, et tout se passera bien. »

Un autre sursaut de panique, plus intense encore que les précédents. La porte se trouvait juste derrière elle, à portée de main. Puis… elle se sentit glisser. Perdre le contrôle. Une vive douleur lui saisit le bras, comme si un feu liquide inondait son circuit sanguin. Un instinct meurtrier qui se réveillait à la moindre situation inconfortable et dangereuse. Non… elle devait se contenir… elle devait résister… elle devait se maîtriser… elle n’y arriverait pas…

Pour le plus grand plaisir de mes lectrices adorées et aimées, j'annonce officiellement une reprise de l'écriture

(c'était un peu long, je sais xD)

Gémissante, penchée en avant, elle se tenait fermement le bras droit en haletant bruyamment. Tout devenait trouble et indistinct, tandis que le feu intérieur qui la consumait s’intensifiait. Ses sens se mirent à dérailler l’un après l’autre. Elle pu, néanmoins, sentir la main de quelqu’un se poser sur sa nuque. Probablement Kurt, qui se tenait juste à côté d’elle. Elle sentit d’autres bras sur ses épaules et qui la portèrent jusqu’à un fauteuil où elle s’assied lourdement, prise de vertiges.

Malgré les défaillances de sa vue et de son ouïe, très certainement dues comme la douleur à la résistance qu’elle opposait à sa transformation, elle vit Kurt se rapprocher du policier qui l’observait à distance raisonnable, une main sur son arme.

« Qu’est-ce qu’elle a ? »
« Elle a besoin de prendre ses médicaments au plus vite, elle suit un traitement pour une maladie contractée pendant une opération. »
« Tu la connais bien ? »
« C’est une vielle amie, Fred, y’aura aucun problème avec elle. »
« Fallait le dire tout de suite. Y’a vraiment que ces connards pour balancer des armes chimiques et bactériologiques sur nos villes et leur propre territoire. »
« Je vais m’occuper d’elle, t’inquiète pas. »
« Elle a peut-être besoin d’un remontant non ? »
« Ca ira Pattie, merci. »

Il venait de mentir pour elle. De parfaits inconnus il y’a moins de deux heures, et pourtant, il venait de mentir pour elle. Alors pourquoi tant de bienveillance à son égard ? C’était illogique. Irrationnel. Quelque chose clochait.

* Je deviens paranoïaque maintenant… *

Peut-être était-il simplement une de ces rares personnes ayant encore bon fond. Ce genre de type, altruiste, souvent idéaliste. Des gens rares et précieux. Des gens souvent aveugles, également. La migraine lui assena un nouveau coup de marteau.

* Je n’ai que lui, de toute façon…*

Et en un sens, c’était vrai. Ni mémoire, ni repères, ni nom. Personne d’autre envers qui se tourner. Il était un phare dans l’océan d’incertitudes, de doutes et d’ignorance qui l’entourait. Une lumière dans le noir. Un point, au milieu d’une feuille blanche.

« Maï ? »
« Hum… oui… ? »
« Allons-y. »

Une main l’aida à se relever. Lentement, la crise passait, maîtrisée tant bien que mal. Ses jambes tremblaient encore un peu, mais elle se sentait capable de marcher.

* D’accord… mais où ? *